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 Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~

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Adhel Askaruu

Adhel Askaruu


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MessageSujet: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMar 10 Juil - 3:46

Les marches de l’escalier de bois branlant grincèrent sous les semelles de ses bottes. L’heure, plus que matinale, eut l’heur de ne pas lui attirer trop de regards. La salle en bas n’était pas comble, à l’inverse de la veille au soir, lorsqu’elle était arrivée. Il n’y eut en fait que le propriétaire, pour l’accueillir tandis qu’elle se glissait avec souplesse devant lui. Elle avait revêtu une tenue plus confortable pour voyager. Pour maintenir sa poitrine, un bandeau de lin blanc, par-dessus lequel elle portait une ample chemise noire. Ses chausses étaient de soie sauvage, toujours, mais plus ajustées que d’ordinaire. Le tissu se glissait ainsi avec souplesse et mollesse contre son corps au repos. Enfin, un repos tout relatif. Car toujours son dos était droit, et se regard déjà alerte. Elle avait pourtant l’air fatigué, mais la lueur qui luisait dans ses yeux d’ambre ne trompait personne.

Tandis qu’elle déposait son paquetage à côté d’un tabouret, avant de s’y installer, elle laissa un soupir lui échapper. L’aubergiste esquissa un sourire amusé, et s’approcha d’elle, interrompant pour quelques secondes le nettoyage de son comptoir. Cette femme qu’il avait vu débarquer en même temps que les matelots qui revenaient de Caerwyn par le fleuve, l’avait intrigué. Dans ses soieries et ses bijoux, ses hanches voluptueuses caressées par l’œil, elle avait tout eu d’une joyeuse… Si ça n’avait été le sabre qui pendait aux chaînes qui paraient sa taille. Etonnant contraste, un peu captivant alors, qui a néanmoins valu à la jeune femme d’être épargnée par les commentaires salaces… Ce qui dans cette auberge portuaire relevait du miracle. Les regards défiants des marins qui l’accompagnaient et qui, apparemment, l’avaient embarquée jusqu’ici avaient aidé à cette distance. Ce matin, sans ses parures, ses cheveux non plus relevés mais simplement noués sur son épaule, elle avait l’air plus accessible que la veille, bien que l’humeur n’y soit visiblement pas vraiment. Il s’accouda face à elle et haussa un sourcil : « Alors ma jolie, réveil difficile ?
- T’occupe. » grogna-t-elle. Dans les faits, son interlocuteur avait on ne peut plus raison. Si réveil il y avait bien eu, ce n’était qu’au terme d’une ou deux heures de somnolence, la proximité d’une telle faune l’ayant tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Elle était, du coup, au bord de l’épuisement, bien que ceci soit dans ses habitudes… « Sers moi un lait de chèvre, et des informations. »
L’autre laissa un sourire effleurer ses lèvres, puis essuya un gobelet qu’il emplit du contenu d’une cruche déposée derrière lui. Il poussa vers elle le lait, ainsi qu’une petite miche de pain chaude, et appétissante. « Pour tenir la route. A quelle sauce, les informations ?
- Je cherche un bateau. Un bâtiment fiable qui ferait voile pour le Pays d’Or…
- C’est pas c’qui manque par ici… ‘Suffit d’sortir et tu trouveras chaussure à ton pied. »
Elle grimaça légèrement, et avala une petite lampée de lait. « Il y a peut-être un moyen de faire mieux encore… Peut-être un capitaine qui serait… comme moi ? » L’autre éclata de rire, ce qui la rembrunit radicalement. Le seul moyen pour elle de se sentir un minimum en sécurité quelque part, dans un environnement aussi clos que pouvait l’être, paradoxalement, un navire. Trouver du repos, au moins suffisamment. Il ne pouvait pas comprendre l’angoisse que revêtait pour elle la proximité d’humains, ou pire encore… Et cela l’amusait… Elle prit néanmoins sur elle de préciser : « Une salamandre…
- J’avais compris, sourit l’autre. Y’a bien quelque chose qui pourrait t’intéresser, mais j’te le conseille pas pour autant, il a la réputation de pas être un tendre, si tu vois ce que je veux dire. Jusqu’au nom d’son navire qui fait flipper son homme, le Némésis. »
En effet, ce n’était pas des plus engageants. Après avoir mordu dans le pain et s’être étonnée en silence de le sentir aussi savoureux contre son palais, elle reposa le tout avec douceur et répliqua : « Le capitaine du Némésis serait une Salamandre ?
- Ouais, à c’qu’on dit. Capitaine Saw. Le Flamboyant. Il est arrivé ce matin avec les premiers pêcheurs, recharger ses cales, sans doute. Tu peux tenter le coup mais… fais gaffe, quand même. »
Elle lui adressa alors un sourire et, après avoir bu d’une traite le restant du lait, déposa sur le comptoir deux pièces d’argent. Bien plus que nécessaire, compte tenu du confort rudimentaire, et du maigre repas de la veille. « Pour les informations, et pour le pain. » Un clin d’œil, et elle balança sur son épaule la besace contenant ses quelques effets, sabre battant sa cuisse. Elle rafla la miche entamée, et prit la porte, sous le regard appuyé de l’aubergiste. Etrange, cette fille…  

***
Mordant dans sa miche de pain et remerciant à chaque bouchée l’aubergiste pour l’énergie qu’elle lui donnait, elle passa en revue les navires ayant accosté au port. Beaucoup étaient déjà actifs, chargeaient dans une joyeuse pagaïe les victuailles… Le port se gonflait de la rumeur des chants de marins, unanimes pour une fois, sans considération pour les pavillons abaissés. Elle en reconnut certains, qu’elle avait déjà croisés par le passé. Mais elle en cherchait un autre. Un bâtiment d’allure modeste, lui avait-on dit, frêle d’apparence, mais rapide. Ce qu’il lui fallait.

Lorsqu’elle le vit, elle termina sa miche de pain d’un geste distrait et, le menton levé vers la proue qui se dressait au-dessus d’elle, chercha. Les marins travaillaient, mettaient du cœur à l’ouvrage ici comme partout, sous le regard bienveillant d’un vieux bonhomme. Ce n’était pas lui. Aucun doute. Elle fit quelques pas sur le côté, le nez en l’air, et tout à coup la proue, en pivotant dans son champ de vision, le lui offrit. Le Flamboyant. Elle plissa légèrement les yeux, profitant qu’il ne l’ait pas vue pour l’observer à loisir. D’aussi loin, elle le voyait plutôt mal… Elle distingua cependant sa peau mate, et s’il était brun, le soleil qui le baignait avivait quelques reflets de feu dans les cheveux que le vent fouettait. Oui, il était bien possible que cet homme là, qui se tenait à la tête de son navire et observait en silence le travail de ses hommes, fut une Salamandre. En tout cas, il était le capitaine du Némésis, ce qui lui suffisait pour l’instant. Après tout, elle n’avait rien d’autre sous la main… Et ce regard, quoi que pas des plus chaleureux, d’un calme souverain lui inspirait moins de crainte que la cruelle jovialité de bon nombre de marins…

« Puisqu’il faut traverser… » murmura-t-elle tandis qu’elle s’approchait du bord, le visage levé vers le capitaine. Elle s’éclaircit la gorge et, les mains en porte voix, appela alors : « Capitaine Saw ! Capitaine Saw, je me nomme Adhel Askaruu, et j’ai  à vous parler ! » Certains marins du navire interrompirent, surpris, leur travail, et levèrent un regard médusé en direction de leur capitaine, curieux, sans doute, de voir sa réaction devant cet abordage des moins académiques… Les mains sur les hanches, le fourreau courbe de son sabre vaillamment tendu dans son sillage, et l’œil décidé, elle attendit, elle aussi, que cette prétendue Salamandre daigne répondre à son appel…


Dernière édition par Adhel Askaruu le Ven 13 Juil - 0:18, édité 1 fois
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Irwin Saw

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMar 10 Juil - 10:23

Le Némésis avait profité de l’aube et de la marée pour se joindre aux navires de pêche qui rentraient au port. Les cales avaient besoin d’être remplies avant de pouvoir reprendre la mer dans de bonnes conditions et les hommes avaient besoin d’un peu de temps libre pour dépenser leur argent nouvellement gagné depuis la dernière escale. Sans prendre le risque de s’immobiliser trop longtemps dans un port où les pirates n’étaient pas trop appréciés, Irwin avait fait stopper le navire à proximité d’une île pour procéder à quelques réparations après leur dernier abordage. On ne fendait pas l’océan avec une épave. Le brick tirait sa vitesse de sa coque et de sa voilure et il fallait les entretenir avec soin. Qui plus est, ce genre d’arrêt était agréable car il rompait avec la monotonie des vagues à perte de vue et permettait aux matelots, parfois, de se dégourdir les pattes le temps d’aller chercher, dégrossir et tailler du bois qui viendrait remplacer les morceaux abîmés par les bordées qu’avait essuyé le navire. Le Capitaine lui-même était allé sur l’ile pour donner quelques coups de hache. Lui aussi avait eu besoin de se dégourdir et, en quelque sorte, de se défouler un peu. Enfin cela remontait à quelques jours. Aujourd’hui, le Némésis semblait comme neuf et fendait à nouveau l’eau sans montrer aucun signe de combat récent, du moins pour l’œil novice. L’expert y trouverait de petites marques, de ça, de là, témoins silencieux de quelques accrochages. Elles étaient les gardiennes de l’histoire du navire, disparaitraient peut-être un jour, remplacées par d’autres. Ainsi allait la vie d’un navire qui voguait au fil de l’eau et des rencontres. Beaucoup peuplaient déjà le fond des mers mais de son vivant, le Capitaine Saw, n’admettrait pas que son navire les rejoigne, non ça c’était tout simplement hors de question, enfin du moins pas avant d’avoir réglé ses petites affaires.

Une fois amarré à quai, les ordres avaient été clairs. Les marins disposaient d’une heure de répit le temps que le Capitaine ne marchande ce qu’il allait acheter pour remplir les cales de son navire puis tous devaient être revenus pour commencer le chargement. Irwin n’avait pas l’intention de trainer par ici, préférant éventuellement perdre du temps dans une taverne d’une ville ou d’un village côtier bien moins dangereux. La marine Impériale n’avait certainement pas grand-chose contre lui mais mieux valait rester prudent. Le Flamboyant avait rapidement trouvé son bonheur auprès de marchands, eux aussi à quai. La nourriture ne manquait pas sur le port et les tonneaux de viande fumée, de rhum, d’eau, de mil et de tout ce qui pouvait remplir le ventre de ses matelots. Il avait toujours veillé à ce que ses hommes aient de quoi manger, convenablement, même si c’était loin d’être Byzance tous les jours. Mais une nourriture « saine » avait l’avantage de conserver ses gars et de les mettre dans de bonnes conditions pour les batailles. Décharger un corps à la mer parce qu’il était mort de faim ou d’un truc pas digeste n’avait rien de très rassurant. Heureusement, jusqu’à maintenant, ils avaient toujours trouvé un port ou un navire marchand avec de quoi garder suffisamment de nourriture à bord pour ne pas avoir à faire cuire des semelles et ainsi lutter contre une famine. Après quelques poignées de mains et quelques bourses remplies de pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes, il ne manquait plus que les matelots pour chercher la cargaison et la charger à bord du Némésis qui reprendrait alors la mer. Avisant les marchands que ses hommes viendraient chercher les denrées rapidement, se présentant pour lui, il retourna à bord de son vaisseau attendant le retour de ses hommes qui, comme prévu, ne se présentèrent pas en retard.

Il forma quelques groupes, afin de récupérer les marchandises simultanément et les envoya chez les différents négociants qu’il avait pu rencontrer en leur donnant leurs positions. Le balais des hommes commença alors dans un petit brouhaha et le Capitaine alla s’installa à la proue de son navire pour observer le port qui s’offrait à lui dans son intégralité. La baie retentissait des cris d’hommes et de femmes, marchands comme marins, mais également des avertissements suraigus des mouettes qui avaient repéré et suivi les navires de pêche depuis longtemps. Les quais fourmillaient et il pouvait apercevoir certains de ses matelots qui ramenaient déjà de lourds tonneaux ou grosses caisses sur leurs épaules. Le va-et-vient de ses hommes s’était organisé depuis plusieurs dizaines de minutes, une partie entassait les marchandises devant le navire alors que l’autre faisait des allers-retours entre la cale et le quai. Tout cela se faisait dans une ambiance plutôt bonne enfant et comme cela n’empêchait pas ses camarades d’être efficaces, Irwin ne dit rien. Il resta là, assis sur le bord de son navire, entre les cordages, à côté de « La grosse berthe », le canon le plus proche de la proue, nommée ainsi par celui qui s’en occupait depuis plusieurs années maintenant. Il fut tiré de sa silencieuse observation par un cri l’appelant par son nom. Détournant le regard, ses yeux se posèrent sur une silhouette résolument féminine, aux cheveux rouges comme le feu. Rouges… Erazielle… Son esprit se perdit quelques instants trop courts dans le souvenir de sa sœur jumelle avant de revenir à la réalité. Ce n’était pas elle, il le savait, mais il ne pouvait s’empêcher de voir en chaque rousse l’éclat de sa sœur disparue. Il observa la jeune femme avec plus d’attention et remarqua son sabre qui pendait à sa hanche.

Remarquant que ses matelots s’étaient arrêtés, il se leva et posa un regard assez dur sur eux. « Remettez vous au boulot, bande de tire-au-flanc ! » Le ton était autoritaire mais il semblait pointer une note de plaisanterie dans sa voix. Il jeta un autre regard à la femme qui attendait sur le quai, les mains sur les hanches. Il descendit le long de la planche de débarquement, passant entre ses matelots, et s’approcha de celle qui l’avait interpelée. Il resta à une distance respectable, comme on le fait toujours face à une personne armée et inconnue – même s’il n’aurait eu aucun mal à se défendre. « Et qu’est-ce que vous lui voulez au Capitaine Saw, Mademoiselle Askaruu ? » La petite brise marine jouait avec ses cheveux et avec quelques plis de sa tunique qui avait du, un jour, être blanche. Son pantalon de cuir se terminait dans ses bottes et était assorti d’une ceinture épaisse à laquelle pendait son sabre, prêt à être dégainé si nécessaire…
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Adhel Askaruu

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMar 10 Juil - 16:09

Elle soutint quelques instants le regard qu'il posa sur elle, consciente qu'il devait la jauger, l'examiner. Elle n'avait pas exactement l'air affable d'une jouvencelle, mais espérait néanmoins que la franchise de sa position joue en sa faveur. Lorsqu'elle le vit se déplacer, pour l'approcher, elle lui suivit d'un regard prudent, ne détachant pas ses pupilles du moindre de ses gestes. Sa mise était simple, très simple, mais cela valait mieux. Elle n'était pas friande des pirates clinquants, attifés comme des poules, qu'elle soupçonnait toujours de quelque fourberie. Oh, ce marin-là n'était sans doute pas un enfant de cœur, mais paradoxalement il y avait dans son visage fermé quelque chose qui appaisait ses craintes instinctives. De plus près, elle distingua mieux les flammes qui couvaient dans ses cheveux auburn, et son teint... oui, peut-être l'aubergiste avait-il dit vrai. Pour autant, elle demeurait sur la réserve, consciente de courir, toujours, le risque de se tromper dans son appréciation. Tandis qu'il s'immobilisait face à elle, lui laissant tout loisir de l'observer, elle se demanda si elle serait capable de fermer l'oeil, à bord du Némésis. Idée saugrenue sans doute, fruit des précédentes nuits d'insomnie... Venait un moment où cela devenait pour elle une forme d'obsession...

Cela faisait de longues semaines qu'elle n'était plus rentrée chez elle, à présent, et si s'absenter était pour elle une habitude qui ne lui posait pas le plus petit problème, cela supposait tout de même de demeurer longtemps sur le qui-vive, dans une veille quasi-permanente, de celles qui usaient le corps, et émoussaient l'esprit. Elle se sentait ainsi obligée, régulièrement, de prendre un repos salvateur, de se ressourcer pour mieux repartir. Lorsqu'elle était à bout, c'était jusqu'à son énergie qui lui échappait, et elle se sentait incapable d'honorer correctement ses missions. Non sans amertume, elle songea d'ailleurs que si un homme, n'importe lequel, présent sur ce port se mettait en tête de la provoquer en duel, elle serait même dans son état bien fichue d'essuyer une cuisante défaite... Et lorsque son métier impliquait une défaite, elle ne risquait pas seulement d'y perdre la récompense promise par le client, mais bien plus que cela... Risquer sa peau, dans son cas, était on ne peut plus cohérent. Et c'était une chose qu'en dépit de son goût pour l'adrénaline et l'aventure, elle n'aimait guère risquer. Les jeux d'argents étaient plus surs, la plupart du temps. D'où l'urgence du départ, le besoin de quitter terre, rapidement, pour rentrer, retrouver son repaire, pillé une énième fois en son absence ou pas, et s'abymer dans un sommeil constructif, dans une plénitude oubliée pour quelques semaines. En attendant, une cabine pourvue d'un verrou serait suffisante...

Mais avant de s'imaginer dormir où que ce soit, encore fallait-il embarquer, et dans le travail acharné, et rapide des hommes d'équipage, Adhel devinait le départ imminent. Alors elle se forgea un sourire patient, adouci par la fatigue, et hocha doucement la tête. « Je suis à la recherche d'un bâtiment, sur lequel embarquer pour me rendre au Pays d'Or. On m'a avertie de votre présence, et suggéré de me présenter à vous. » Elle n'en détailla pas les raisons, elle ne le regardaient pas. Après tout, des reflets roux et une peau basanée n'en faisait pas une Salamandre, et s'il ne l'était pas, elle préférait se prémunir d'une éventuelle raillerie. Ses craintes semblaient risibles à nombre d'hommes, qui les considéraient volontiers comme stupides... Mais après tout, on ne se refait pas. Elle était prête à courir le risque de se tromper, ayant de toutes les façons besoin d'embarquer aujourd'hui, mais préférait encore recevoir sa désillusion plus tard, trop fébrile pour accepter de faire marche arrière devant lui.

Consciente qu'avec les préjugés qui couraient sur les femmes, à bord de bateaux, convaincre un éventuel superstitieux ne serait pas évident, elle précisa tranquillement : « Je peux payer la traversée, et me rendre utile, à bord. Je suis plus endurante qu'il n'y paraît. » Pour autant, sa voix n'était ni gaillarde, ni rieuse. Elle ne parvenait tout à fait à sortir de sa réserve, tandis qu'elle épiait chaque détail de son interlocuteur. Les mots de l'aubergiste, la mettant en garde contre cet homme, lui revinrent, et tandis qu'elle se familiarisait avec ses traits, elle se demanda ce qu'il pouvait bien y avoir de si terrible. Elle avait entendu de nombreuses rumeurs, ci et là, à propos de redoutables capitaines, parfois même colportées par les principaux intéressés qui y voyaient là un moyen sur de se construire une légende appréciée.

Il avait l'air, à vue de nez, d'être un combattant rompu, et un capitaine plutôt autoritaire, mais cela ne suffisait pas à en faire un forban de la pire espèce. Cela n'en faisait peut-être même pas un pirate, en réalité... Qu'y avait-il de vrai, dans le mythe, mille fois amplifié par les flots, du Capitaine Flamboyant... ? Quoi qu'il en soit, elle se serait de toute façon sentie plus en sécurité avec un hors la loi Salamandre qu'à bord du navire d'un honnête homme... Et celui-ci, si elle ne lui poserait pas la question de but en blanc, avait par conséquent pour lui le bénéfice du doute. Bien campée sur ses jambes, son paquetage posé contre sa cheville, elle vrilla alors du sien le regard de Saw avec une force qu'elle voulait farouche. Moyen de défense, aussi, que de se montrer forte. Elle n'était pas une pucelle que l'on abuse, mais une battante. Elle voulait un navire, bien sur, mais pas à n'importe quel prix... Et en digne baroudeur, il devinerait sans mal quelles étaient ses origines, sa spécificité. Autant faire en sorte, d'emblée, qu'il comprenne que ses écailles ne lui étaient pas servies sur un plateau. Après tout, on était jamais trop prudente.

Bon, peut-être un peu, parfois.

Évitant d'observer l'équipage dont le chargement avançait toujours, et dont certains, elle en avait conscience, posaient toujours sur elle des regards curieux, elle leva une main pour dégager de son front une mèche vermilon, glissée là par la brise, avant de souffler : « Qu'en dites-vous, Capitaine ? »
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Irwin Saw

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMar 10 Juil - 20:40

Passé la petite surprise de la chevelure de la jeune femme qui s’était invitée sur le quai, à côté du Némésis, Irwin n’avait pas de raison supplémentaire de craindre une personne qui s’était présentée d’elle-même. Peut-être était-ce un stratagème pour l’attirer près d’elle mais il aurait été profondément idiot de tenter d’attirer ainsi son attention en monopolisant celle de ses hommes car, il n’avait pas besoin de les voir pour le savoir, certains regardaient encore la donzelle dont le charme était certain. Pourtant il n’était pas du genre à s’arrêter à ce genre de détail, pire encore, cela pouvait être un argument en sa défaveur. Il ne savait pas ce qu’elle voulait ni pourquoi elle se trouvait là mais quelque chose lui disait que cela n’allait pas lui plaire de prime à bord. Une femme n’était pas forcément la bienvenue dans un monde aussi masculin que la marine, une ségrégation légendaire qui trouvait sa source dans des mythes et des légendes diverses, mais surtout dans le fait que rares étaient les femmes qui pouvaient prendre leur destin en main et faire autre chose que garder les enfants à la maison, en attendant le retour de leurs maris, et ce, depuis des temps immémoriaux. Les vieilles mœurs avaient la peau rude et il restait très rare de croiser une femme sur des ponts de navire en pleine mer. Qui plus est, beaucoup de Capitaines pensaient qu’il était très prétentieux d’imaginer qu’une femme au milieu de tant de mâles pourrait ne pas commencer à éveiller les tensions entre les hommes d’équipage. Il était parfois possible d’en voir se frapper et s’entretuer pour de la nourriture, alors si une femme entrait en jeu, il ne restait plus qu’à se saborder soi-même. C’était un bon moyen de ne plus pouvoir tenir son équipage d’une main ferme. Il connaissait le tempérament de ses camarades et se doutait que l’un ou l’autre avait profité de l’heure attribuée pour se trouver une galante compagnie contre quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Ils en avaient probablement bien profités car ils ne risquaient pas de revoir une femme avant un petit bout de temps.

Lorsque la raison de sa présence fut énoncée clairement, il ne put s’empêcher d’hausser un sourcil de surprise. Embarquer sur un bâtiment ? Sur son bâtiment ? Pour le Pays d’Or ? Il observa la jeune femme plus en avant, essayant de ne pas se concentrer sur sa chevelure de feu qui dansait sur le chant de la petite brise marine. Il resta silencieux, peut-être trop, car elle enchaina, arguant qu’elle avait de quoi payer une traversée et qu’elle pouvait se rendre utile à bord. Il la jaugea une nouvelle fois, son regard s’arrêtant sur son sabre. On portait rarement une arme sans réellement savoir s’en servir aussi ne doutait-il pas qu’elle était capable de le manier avec une certaine efficacité. Il se savait aussi observé. Le jaugeait-elle également ? Sans aucun doute. Il s’attarda sur ses traits, essayant de s’imaginer ce qu’elle pouvait être. Elle donnait l’air d’être une Salamandre, son envie de retourner au Pays d’Or était également une chose qui allait en ce sens mais elle pouvait très bien tromper son monde, comme il le faisait lui-même. Il laissa le temps glisser doucement entre eux, comme le faisait le vent, tandis qu’ils se regardaient l’un l’autre, cherchant probablement un point faible ou se posant des questions sur ce que les yeux respectifs pouvaient bien cacher. Il n’arrivait pas à lire en elle, et, en quelque sorte, ce n’était pas très étonnant. Elle n’avait rien d’une femme comme pouvaient en croiser ceux qui cherchaient la gueuse et avait encore moins l’air d’une femme au foyer. Celle-là aimait l’aventure et ces femmes-là étaient rarement aussi simples à comprendre que les autres, rien que le fait de porter le sabre traduisait une volonté propre et des motivations obscures. Que se cachait-il derrière ses yeux ambre aussi doux que le miel et pourtant aussi affutés qu’une lame ? Il ne saurait probablement répondre.

Elle l’invectiva avec une verve et un aplomb qui, il fallait l’admettre, le séduit, d’une certaine manière. « J’en dis que je n’ai pas forcément prévu de faire voile vers le Pays d’Or et que je ne vois pas pourquoi j’accepterais de vous prendre à bord pour faire un détour. » Il s’était dirigé vers un petit groupe de tonneaux proches et s’était adossé contre, croisant les bras, le regard toujours posé sur elle. « Qui plus est, vous devez savoir qu’il porte malheur de faire monter une femme à son bord. » D’un ton calme et sans aucune douceur, il énonçait les raisons pour lesquelles il n’avait aucun bénéfice à la faire monter avec lui. Ce qu’il cachait bien, c’était que sa route le dirigeait effectivement dans la direction souhaitée par la jeune femme. En effet, sa cible avait été repérée là-bas, du moins aux dernières nouvelles. C’était notamment pour cela qu’il était pressé, pour ne pas perdre davantage de temps de ce côté de la mer. « Alors, Mademoiselle Askaruu, il va falloir vous montrer très convaincante si vous voulez monter à bord du Némésis et exprimer vos conditions, car, une fois en mer, on ne revient pas sur un marché. » Il avait esquissé un petit sourire à cette dernière remarque. Fugace, presque invisible, c’était un exploit mais aucun homme d’équipage ne l’avait vu et la demoiselle pressée d’embarquer ne savait certainement pas que c’était aussi rare que de trouver une pépite d’or entrain de flotter au milieu des vagues. Il replaça à son tour une mèche de cheveux qui entravait sa vision du fait de la petite brise et attendait paisiblement qu’elle daigne manifester toute sa motivation pour monter à bord. Ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’elle n’avait pas besoin de grand-chose pour y arriver, mais, justement, cela mettait davantage de piquant dans ce petit jeu.
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Adhel Askaruu

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMer 11 Juil - 11:11

Le petit duel de regards engagé entre eux ne la dérangeait pas, il était plutôt naturel. Adhel n’était pas une grande bavarde, et formulait souvent ses jugements en silence… Elle était en outre régulièrement la cible des regards, tant parce que son arrivait marquait la plupart du temps une forme de rupture que parce qu’elle savait son corps entraîné et élancé au goût de nombre d’hommes. Les regards ne la dérangeaient pas, dès lors qu’ils le demeuraient, cela allait de soi. Plus jeune, elle avait fait preuve d’une sensualité débordante, le cocon de l’armée la poussant naturellement dans un style de vie qui n’était pas celui des jeunes femmes de son âge. Elle n’avait de toutes les façons pas l’intention de suivre ce mode de vie, et s’était tenue suffisamment éloignée des siens pour que les obligations qui pesaient sur les épaules des femmes en ce monde ne soient pas trop lourdes sur les siennes. De toutes les façons, quand bien même ce reproche lui était souvent fait, que valait le jugement d’un étranger sur ce qu’elle était ? Elle était trop farouche, et trop libre pour être mariée de force. La désapprobation du monde ne lui faisait pas peur. Elle n’en lisait pas, étrangement, dans le regard de ce Capitaine qui la jaugeait, allait s’installer contre des tonneaux. Il devait s’interroger sur elle, sur ses motivations… Peut-être sur sa nature aussi s’il ne l’avait pas déjà deviné… Nulle écaille n’était visible alors, pour s’éviter une attention davantage appuyée que, cette fois, elle ne désirait certainement pas.

Lorsqu’il reprit la parole après cet échange silencieux, elle se sentit sur le coup douchée, mais n’en montra rien et se contenta d’esquisser un sourire, admettant une petite défaite, mais pas la fin de la bataille. Toute à son analyse, elle s’était déjà projetée à bord de ce bateau, en écartant presque l’idée qu’il lui faudrait gagner ce voyage. Elle lui avait dit être prête à travailler, à payer cette traversée. Que pouvait-elle bien offrir à un Capitaine de navire de plus que de la main-d’œuvre non seulement offerte sur un plateau, mais qui en plus le rémunérait pour son recrutement… S’attendait-il à ce qu’elle joue en prime la joyeuse pour écourter un peu ses soirées en mer ? Elle doutait de cette éventualité, car quoi qu’un léger sourire éclaira fugacement le visage de son vis-à-vis (elle se méfiait des sourires.) celui-ci n’était pas empreint de luxure… Il semblait plus amusé par la situation. Que vendrait-elle pour qu’il l’accepte… ? Qu’avait-elle de meilleur à offrir ? Elle demeura désarmée quelques instants face à lui, mais de cilla pas. Le petit duel engagé entre leurs regards n’était pas terminé. Il ne le serait que lorsqu’elle visiterait sa cabine. « Qu’ai-je à offrir, en plus de la main-d’œuvre gratuite ? » Elle laissa un souffle rendu plus chaud par l’hésitation se glisser entre ses lèvres, puis attaqua : « Vous n’avez pas l’air d’un homme superstitieux. Une lame de plus, qui ferait de votre navire sa patrie le temps d’une traversée, ce n’est jamais anodin, en mer, j’en suis persuadée… » Le prenait-elle par le bon bout ? Que valait, après tout, la loyauté d’une mercenaire ? Ce concept même était ambigu pour elle. Serment donné était inviolable, mais par nature elle ne donnait que des serments provisoires. Aucune terre, aucun monarque, aucun homme n’avait encore bénéficié d’une loyauté à l’épreuve de tout, et offerte sans bornes. A l’exception de l’armée, bien entendu… L’armée qu’elle avait trahie. Elle frissonna légèrement, réfléchissant à toute allure à la manière de contourner ce problème…

Qu’avait-elle à lui offrir. Elle quitta ses yeux pour observer le travail des matelots. Certains d’entre eux, toujours, dévoraient des yeux l’échange qui semblait les amuser. Ils avaient encore du travail. Le trajet des tonneaux entre le quai et les cales étaient son écoulement de sable. Un sablier fait de sueur, compte à rebours humain. Elle déglutit, puis lui refit face et esquissa un sourire énigmatique : « Vous avez le temps pour un duel. » Ce n’était pas une question. Et il était armé. S’il doutait de l’intérêt qu’il pouvait avoir à la prendre à bord, alors c’était sans doute là le plus criant. Il la verrait redoutable, car rôdée à frayer avec des combattants rompus au combat, mais aussi souple, rapide et ingénieuse. Elle devait laisser transpirer de quelques passes tout son talent. C’était sans doute audacieux, et il faudrait être rapide avant que la garde ne s’en mêle, les échauffourées entre marins pouvant tourner au désastre assez facilement. Un regard sur son bateau. A bord, c’était plus prudent. « Si vous êtes convaincu, je n’ai qu’une exigence : une cabine. Une cabine qui ferme. » Il se méprendrait sans doute sur les raisons de sa requête, mais puisqu’il posait la question, autant s’assurer d’emblée qu’elle pourrait trouver à bord le repos qu’elle espérait tant avoir. Dans son état de fatigue avancé, il lui faudrait redoubler d’attention. Sans doute n’était-il pas des plus prudents de se mesurer à lui dans cet état, mais elle pensait pouvoir faire mouche de toutes les façons. Elle devait gagner sa nuit. En attendant sa réponse, elle se pencha légèrement et rejeta avec une certaine désinvolture son paquetage sur son épaule, la garde de son sabre toujours à portée de main. Elle changea de jambe d’appuis et sa main libre, pour l’équilibrer, retrouva sa hanche. Elle patientait, quoi qu’un peu fébrile. Elle l’espérait voir prendre sa décision rapidement. S’il pouvait lui éviter ce duel, c’était même encore mieux. Elle se sentait le souffle court, et l’esprit toujours vague de l’insomnie, maîtresse d’une nuit…
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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMer 11 Juil - 11:56

La jauger. Tel était le but de toute cette manœuvre. Irwin voulait savoir qui il allait prendre à son bord et à quoi il devait s’attendre. Un navire était un espace clos, confiné, où les hommes se croisent et se recroisent sans cesse. Il est impossible d’éviter quelqu’un sur un navire, aussi grand soit-il. Le Némésis n’avait rien d’un énorme galion ou d’une frégate et même s’il était relativement grand, il n’offrait pas la solitude. Il y avait toujours un moment où il fallait sortir de sa cabine, et là, la proximité avec les autres hommes d’équipage devenait immédiate. S’il acceptait une femme à son bord, il ne voulait pas de jouvencelle effarouchée, capable de semer la zizanie entre ses hommes pour quelques parties de jambes en l’air. Ses matelots savaient à quoi s’en tenir avec lui mais certains résistaient parfois peu au charme d’une donzelle, surtout lorsqu’elle était aussi agréablement séduisante que celle-là, et à l’attrait d’un possible « secret ». Mais tout se sait sur un navire, un jour où l’autre. Certes, cette jeune femme, Adhel, n’avait pas l’air d’être de ces femmes de peu de foi et, au contraire, elle laissait présager un sort peu enviable au premier qui essayerait de se glisser entre ses cuisses sans son accord. Enfin, quelques ordres bien énoncés clarifieraient la situation et empêcheraient les débordements, hélas, la nature humaine poussait parfois les hommes à désobéir, souvent pour une femme et les charmes dont elle faisait preuve… Avant tout, ce qu’il voulait voir, c’était sa manière de réagir, sa réaction. Il s’était rendu compte qu’il l’avait désarçonnée, un minimum. Elle pensait payer et s’installer, fournir des bras durant la traversée et s’en aller et voilà qu’il demandait plus. Elle ne pouvait pas s’attendre à cela, et, même s’il bluffait, il voulait savoir ce qu’elle accepterait de rajouter sur le tapis pour embarquer. C’était une manière astucieuse de négocier également car il pouvait obtenir plus d’elle, mais ce n’était pas le but recherché car sa décision était déjà prise.

Ils continuaient à s’observer, patiemment, guettant les réactions, les gestes, peut-être même espérant voir les idées jaillir d’elles-mêmes. Les bras croisés, Irwin se contentait d’attendre paisiblement qu’elle reprenne la parole. La balle était dans son camp et il aspirait à la voir jouer avec. Aucune perche à saisir, aucun indice, elle était en roue libre et il savait qu’elle s’exprimerait sans contrainte, fidèle à elle-même. Il baissa les yeux sur sa ceinture alors qu’elle répétait ce qu’elle offrait et ce qu’il savait déjà. N’importe quel marchand de bas étage n’aurait pas été convaincu s’il cherchait quelque chose de plus que ce qu’elle avait proposé mais la manière dont elle tourna ses propos lui firent relever les yeux vers elle tandis qu’il plissait un peu ses paupières, plus à cause du vent que par réel effet désiré. « Mes hommes se débrouillent bien de ce côté-là, et, de plus, rien ne me garantie que votre lame pourrait se révéler décisive si elle s’avérait nécessaire. » Ce n’était pas une invitation mais une simple constatation. N’importe qui pouvait se vanter d’être une bonne lame, mais il n’y avait qu’en ferraillant avec quelqu’un, l’un contre l’autre ou contre un ennemi commun, qu’on pouvait se faire une idée de son talent. Il connaissait les compétences de ses hommes. Certains étaient très doués, d’autres moins, plus aptes à se servir d’armes à feu. Cette diversité était une force dont il savait se servir. Mais la lame qui se trouvait devant lui lui était inconnue et pouvait autant représenter un danger qu’un avantage non négligeable lors d’une rencontre en mer. Il écarta d’un revers de main mental la possibilité qu’elle soit ici pour le tuer, il n’avait potentiellement pas plus d’ennemis que quiconque, ou du moins pas de réel ennemi déclaré qui aurait eu l’habitude d’utiliser un mercenaire pour faire le sale boulot à sa place. Qui plus est, la plupart des pirates qu’il avait attaqué ne s’en étaient probablement pas sortis, aussi, à moins du vengeance, ce genre de possibilités restait improbable.

Il haussa un sourcil lorsqu’elle lui proposa un duel. Le sourire qui s’était ourlé sur ses lèvres lui faisait comprendre qu’elle pensait lui montrer ainsi ce qu’elle valait et justifier sa montée à bord. Se battre était une chose qu’il réservait généralement aux abordages, mais, qui plus est, il fallait être un peu inconscient pour demander un duel à un pirate. Elle s’attendait probablement à ce qu’il dégaine son sabre et se batte ainsi, mais un pirate faisait généralement fit des règles d’honneur. Aussi, le mousquet qui pendait à sa ceinture aurait servi lui aussi, même si elle n’en avait pas. Il la regarda en silence, alors qu’elle posait en condition de disposer d’une cabine disposant d’une serrure. Le Némésis en contenait quelques unes, en plus de celle réservée au Capitaine. La demande serait facilement satisfaite. Il décroisa les bras, posant une main sur la garde de son sabre et se redressa lentement sans la quitter des yeux. Elle voulait se battre ? Il commença à dégainer le sabre de sa ceinture puis s’arrêta. Il haussa les épaules et repoussa la lame dans son logement jusqu’à la garde. « Suivez moi. » Il fit demi-tour et se dirigea vers le navire. « Messieurs, je vous présente Mademoiselle Askaruu qui fera le voyage avec nous. A approcher à vos risques et périls. » Il avait dit cela de telle sorte que tout le monde puisse entendre et ce fut apparemment le cas car une bonne majorité de l’équipage se mit à rire avant de reprendre son travail. Irwin, qui ne s’était pas retourné avait emprunté la planche qui servait à embarquer et attendit sur le pont qu’elle le rejoigne. Après un dernier regard, il descendit sur le pont inférieur, avant de s’assurer qu’elle le suivait. Il la guidait vers ses nouveaux appartements. « Ce n’est pas intelligent de demander un duel à un pirate. Surtout si vous croyez qu’ils respectent les règles. » Il avait dit cela sans se retourner continuant de marcher. S’avançant vers la poupe du navire, ils s’éloignaient des matelots qui chargeaient la cale…
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Adhel Askaruu

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMer 11 Juil - 20:58

Ses réponses la troublaient. Elle se tenait prête, prête à en découdre, prête à prouver sa valeur. Qu’espérait-il d’autre de sa part ? Aurait-il fallut qu’elle se fasse langoureuse, séduisante ? Ou bien qu’elle fasse montre d’esprit peut-être. Qu’elle lui sorte le grand jeu, l’embobine, l’amuse peut-être même un peu. Si tel était le cas, elle craignait de ne pas être à la hauteur. Elle était ainsi faite, prise par la défiance jusqu’au cou. Elle n’était pas ainsi, avant. Avant, elle lui aurait souri, aurait pu louvoyer sur le port avec souplesse et sourires, jusqu’à se trouver le plus confortable des bâtiments. Mais c’était derrière elle, et à trop craindre les gestes d’autrui, on en devenait un peu sauvage. L’était-il, lui, sauvage ? Elle déglutit avec difficulté, son regard intensément planté dans le sien. Elle avait besoin qu’il lui dise oui, un besoin franc, massif, essentiel. Elle avait besoin de dormir.

Alors elle avait proposé son duel, elle lui avait proposé le seul moyen de communication qui était encore à sa portée, dans son état. Le seul qu’elle comprenait toujours à présent que tous, potentiellement, étaient à ses yeux des monstres. Une lame en disait plus sur quelqu’un que des mots, que l’on pouvait manipuler, pervertir. Tout comme l’amant, mis à nu, est honnête dans son plaisir, le combattant ne peut que l’être dans sa lutte, quelle que soit l’arme utilisée. Du moins était-ce sa perception des choses. Et lui, cet homme, jouait avec ses attentes. Son visage, demeuré fermé, longuement fermé, ne la rendait pas optimiste. Le sourire n’était plus, et longtemps elle crut qu’il allait refuser sa proposition. Elle cru ne pas lui en proposer assez. Après tout, les Salamandres n’étaient peut-être pas des dépeceurs, mais rien ne les empêchait d’être fourbes, dangereuses. Ne lui avait-on pas dit que celui-ci était indigne de toute confiance ? Elle fronça les sourcils, et fébrile changea de jambe d’appui. Elle dansait nerveusement d’une jambe sur l’autre, les doigts crispés dans l’étoffe de son bagage, jusqu’à ce qu’il effleure la garde de son sabre… Acceptait-il de se mesurer à elle ? Oui, il le dégainait, doucement. Ou… Lorsqu’elle le vit renvoyer le sabre au fond de son fourreau, elle retint une interjection de déception, demeurant aussi impassible que possible, lorsqu’il lui demanda de le suivre. Une seconde de latence, et elle sentit un sourire poindre au bout de ses lèvres. Irrésistible.

Elle obéit à l’ordre, lui emboitant le pas avec souplesse. Il confirma ses soupçons d’une recommandation qui arracha un rire à son équipage. Elle hocha, silencieuse, la tête en guise de salut, et tandis que tous se remettaient à l’ouvrage, emboita le pas au Flamboyant. Elle prit garde de ne déranger personne pour l’embarquement des denrées, et oscilla avec fluidité entre les marins, jusqu’au pont qui lui offrit une vue inédite sur le port. Elle l’avait vu plusieurs fois ainsi, mais ne s’en lassait pas. Cela fleurait bon l’aventure, l’énergie sauvage de la brise, et le claquement des voiles. Elle pouvait se rendre malade de paranoïa, à bord d’un bateau, elle n’en appréciait pas moins ce moyen de locomotion, riche en émotions fortes. Elle en profita aussi pour découvrir le Némésis, et sentit son cœur cogner contre sa poitrine, pris d’une certaine excitation. Celle de l’inconnu. Il serait sa terre, sa demeure et son pays pour quelque temps… Il lui faudrait se familiariser à tout ce bois, aux canons, aux voiles et à leurs faiblesses. Comme pour le saluer, un mince sourire aux lèvres, elle effleura la rambarde sous le regard circonspect d’un marin qui déposait un tonneau à côté, avant de rattraper le Capitaine. Il la conduisait plus bas, probablement là où se trouvaient les cabines, puisqu’il n’avait rien objecté à sa demande. Il la coupa de sa découverte par ses mots.

Son cœur manqua un battement et, malgré elle, son pas ralentit.

Pirate. Pirate ?!

Ce n’était pourtant pas bien difficile à dire, deux petites syllabes. Deux maudites syllabes, que ce maudit aubergiste n’avait pas daigné lâcher. Quel besoin d’euphémismes, lorsqu’il s’agit de piraterie ?! Elle demeura interdite, réfléchit à toute vitesse et son regard s’attacha sur la nuque du… pirate. Elle s'attacha à sa peau mate, éclairée par intermittence. Le temps qu’il se rende compte de son arrêt subit, elle affecta de remettre son paquetage sur son épaule, et effaça de son visage les traces de ses craintes. Que faire ? Partir ? Il allait attendre sa réponse, s’étonner de son silence et de son immobilisme. Les pirates ne respectent pas les règles. Elle déglutit, et le rattrapa, une fois de plus. Sa voix grave, à cette distance, pu se faire murmure. Elle trouverait une solution, plus tard. « C’est pourtant vous qui me parliez de marché, il n’y a pas si longtemps. » C’est ça, le provoquer, en prime, histoire que la situation soit plus périlleuse. Elle poussa un soupir, et se raisonna. Si l’on exceptait le fait que piraterie et contrebande étaient souvent voisine, et que les contrebandiers étaient sans doute les pires ennemis de ceux de son type, la situation n’était peut-être pas si mal qu’elle n’en avait l’air ? Après tout, cela ne changeait rien à l’opinion qu’elle s’était faite de lui… ? A ce sérieux qu’elle lui avait trouvé… Ou pensé lui trouver. Elle fit le choix de se ressaisir, elle était allée trop loin pour rebrousser chemin et, tandis qu’elle l’observait, se résigna à ne pas revenir sur sa demande. « Je ne suis pas étrangère au combat irrégulier, si cela vous préoccupe. Le mercenariat, par certains aspects, n’a rien à envier à la piraterie pour ça. » Un sourire, sans qu’elle sache trop comment, lui vint alors, et elle ajouta : « Tous les moyens sont bons… »

Elle baissa alors les yeux, puis reprit l’observation des alentours. Une idée, alors, lui vint. Il n’avait pas encore parlé du prix, ni ne s’était inquiété de ce qu’elle comptait y mettre… Qu’un navire marchand prenne des passagers n’était pas rare, mais ce n’était pas le cas des forbans…

Prudence…
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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyMer 11 Juil - 22:10

Dans l’entrepont du Némésis, le soleil ne pénétrait que par rayons intermittents. Ils permettaient de voir où se trouvaient les canons et, parfois, de découvrir leurs noms : Mort Subite, Cyclope… Ils étaient à la charge d’un ou deux matelots qui devaient s’assurer de leur bon fonctionnement et qui étaient de canonnerie lorsqu’était venu le temps du combat naval. Irwin marchait lentement au milieu de la traverse, regarda distraitement quelques hamacs qui pendouillaient, vides bien entendu, accrochés au pont supérieur. C’était ici que dormait la majeure partie de ses camarades, quand ils n’étaient pas de quart. A la poupe se trouvaient plusieurs cabines. Elles servaient généralement à entreposer différentes choses, de la nourriture jusqu’à de l’or lorsque les prises étaient importantes et que le fond de cale était trop rempli. Il n’avait pas prévu d’en utiliser une comme chambre mais assortie d’un hamac elle conviendrait certainement à la demoiselle qui le suivait. Il ferait installer une table et un tabouret pour qu’elle puisse s’installer un peu plus à son aise – politesse simple – et laisserait le reste en l’état. La porte fermait à clef avec une grosse serrure dont il était le seul à posséder la clef et son double. Il confierait le double à son invitée surprise et conserverait l’autre, secrètement. Non pas qu’il voulait faire des cachotteries mais on ne savait jamais. Ne serait-ce que si elle devait se retrouver, d’une manière ou d’une autre, à passer par-dessus bord, il devait être capable de rouvrir cette porte. Bien entendu, il aurait pu la défoncer, mais quitte à faire les choses proprement, autant ne pas avoir à réinstaller une serrure ou refaire une porte. On passait suffisamment de temps à réparer l’armature du navire pour perdre du temps avec une simple porte. Il espérait que la cabine lui conviendrait, car il n’en avait pas d’autres. Si elle voulait embarquer à bord de son vaisseau, elle devrait s’en contenter. Le Capitaine ne cèderait pas ses appartements à une inconnue, non pas à cause du confort qu’ils représentaient mais surtout à cause de tous ses effets qui y étaient entreposés, personnels en grande partie, et qui ne pouvaient être déménagés.

Alors qu’il lui avait fait remarqué qu’elle aurait n’était pas très maligne à provoquer un pirate en duel, il ne remarqua que quelques pas plus tard – à l’absence du bruit de ceux de son invitée – qu’elle ne le suivait plus. Alors qu’il se retournait, il vit qu’elle remettait son paquetage sur l’épaule et il plissa les yeux pour percer l’obscurité. Il attendit patiemment qu’elle rattrape le petit retard qu’elle avait et se remit en marche sans vérifier qu’elle le suivait pour de bon cette fois, se fiant seulement au bruit de ses pas sur le bois qu’il différenciait facilement du sien. « On peut être dépourvu de sens de l’honneur mais avoir le sens des affaires. » Il avait dit cela d’une voix amusée mais rien n’indiquait qu’il avait souri. Il allait toutefois rajouter quelque chose mais elle l’en empêcha, voulant lui montrer qu’elle était aussi capable de se battre à l’irrégulière et qu’elle n’aurait probablement pas été prise de court par ses manœuvres « pirates ». Encore une fois, il doutait qu’elle ait pu s’attendre à être braquée de son pistolet d’arçon mais il préféra laisser la vague passer. Ses derniers mots eurent toutefois un écho dans son esprit. Oui, tous les moyens étaient bons. Cela, il était parfaitement d’accord. Il fit quelques pas de plus et s’immobilisa posant un bras sur une porte, bloquant le passage à la Salamandre juste sous son nez. « Vos appartements. » Il fit tourner la clef qui était dans la serrure – vu que la cabine était vide, nul besoin de garder la clef – et ouvrit la porte, laissant tout le loisir à la jeune femme d’observer l’intérieur tandis qu’il l’observait tranquillement. La cabine était vide, assez petite mais elle pouvait y tenir allongée si elle le désirait. Toutefois, il n’avait pas de matelas à lui offrir. Avant qu’elle ne réplique quoique ce soit, il prit la parole sans la quitter des yeux. « Je ferais installer un hamac et vous ferais apporter une table et un tabouret. La serrure ferme à double tour. Cela vous sied ? »

Il s’était adossé au montant de la porte et l’observait en silence. Il attendait la réponse et avait encore quelque chose à lui dire, quelque chose d’important, quelque chose qui pouvait suspendre le marché qu’il n’avait pas encore scellé, et justement, ce dont il devait parler, c’était le nécessaire pour le sceller. Une fois qu’il estima qu’il avait suffisamment attendu, il se redressa et se mit dans l’ouverture de la porte, bloquant la sortie. « Mademoiselle Askaruu, avant que nous scellions notre marché, voici mes termes, non négociables. Tant que vous serez à bord, vous serez considérée comme membre de l’équipage et soumise à toutes les règles qui régissent le Némésis. Vous bénéficierez de quelques traitements de faveur comme vos repas à ma table et votre toilette à l’écart de l’équipage. Vous aurez libre-circulation sur mon navire, sauf dans les endroits interdits à l’équipage mais que je ne vous voie pas trainer dans les pattes de mes hommes. Pas de tire-au-flanc sur mon navire, essayez de vous rendre utile, il y a toujours à faire. Si nous engageons un combat, vous n’êtes pas dispensée de vous servir de votre arme. Si nous perdons, l’ennemi n’aura surement rien à faire de savoir que vous étiez un simple passager et, si je sais tenir mes hommes, ce n’est pas le cas de tous les capitaines. » Il l’observa de haut en bas. Nul doute qu’elle avait compris ce qu’il entendait par là. « Au moindre écart, je vous fait débarquer sur le port le plus proche, sachant que je considère comme port toute surface de terre qui se trouve hors de l’eau. » Il la fixa encore en silence. « Alors mademoiselle Askaru, Prête à faire ce voyage en notre compagnie ? » Sa voix s’était révélée légèrement amusée, peut-être dans une pointe de défi. Les conditions étaient dures mais nécessaires et immuables. Irwin avait été clair il n’accepterait aucune discussion sur ce point-là. Il attendit en silence qu’elle prenne sa décision.
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Adhel Askaruu

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyJeu 12 Juil - 2:37

HJ - Je suis allée assez loin dans l'action, dis moi si cela te dérange ou pas. J'ai pensé que tu aurais davantage de choses à dire ainsi, mais je comprends si tu veux faire plus lent. Je te laisse lancer le départ si tu le souhaites, dans ce sujet, dans un autre... Comme tu veux, en somme ! J'espère avoir tenu ma promesse o/ (et j'arrête de raconter ma vie, bonne lecture !)

Elle était plongée dans ces réflexions, au sujet des motivation du Capitaine, et ne put retenir un léger glapissement de surprise, lorsque tout à coup il s'immobilisa et lui barra la route. Par réflexe, ayant l'impression que celui-ci cherchait un moyen sanglant de quitter sa cage thoracique, elle posa une main sur son cœur et laissa un souffle rêche lui échapper, non sans un léger regard de reproche pour son guide. Était-il vraiment obligé de lui faire faire des bonds ? Elle ne dit cependant rien, et après un ultime échange de regards, en hasarda un dans la pièce qu'il lui désignait. Elle en fit un tour très rapide, ce qui n'était pas bien difficile, mais le plus important n'était pas là. Le plus important était derrière lui, c'était l'épaisse serrure qui lui donnait presque l'impression que l'endroit servait, parfois, de cellule à quelque infortuné s'étant frotté de trop près à cet équipage de gentilshommes. A-Ha. Il évoqua un hamac, ainsi qu'une table de chevet. Il aurait même pu lui parler d'un tas de couvertures minimaliste, elle s'en moquait... Le principal, c'était ce qui venait ensuite.

Double tour était une expression qu'elle prisait. À condition, bien sur, qu'elle soit détentrice de la clef dotée de ce formidable pouvoir d'autarcie. Elle hocha la tête, dos à lui et le sac sur l'épaule, avant de lâcher d'une voix presque enthousiaste un : « C'est parf... » ...

Il était dans l'encadrement.

Il lui bloquait la sortie et elle n'aimait pas ça. Ses yeux se plissèrent alors et elle se raidit, face à lui, le léger balancement de l'embarcation et la typique plainte sourde du bois que cela provoquait comme seule animation. A lui faire face ainsi, seul à seule, le détaillant une fois encore, elle songea que nombreuses devaient être les donzelles qui pouvaient rêver d'une telle situation. Mais elle n'était pas de celles-ci, et quand bien même elle pouvait y mettre toute la bonne volonté du monde, il pouvait avoir ces étranges reflets dans les cheveux et, réalisait-elle alors, dans les yeux, il pouvait avoir ce teint mat, et confortable, ainsi que cet air ambigu de fermeté et de tranquillité apparente, il n'en était pas moins un pirate, à bord de son navire, lui bloquant la sortie d'une pièce dont, tout à coup, le fait qu'elle fermait à double tour n'avait absolument plus rien de joyeux ou de réconfortant. Ses pensées lui faisaient l'effet de s'égarer, s'enfilant les unes aux autres comme les innombrables perles d'un interminable collier. Un collier de mauvais goût. Cet endroit, asile quelques secondes plus tôt, lui fit alors l'impression d'être de l'étroitesse d'un tombeau, ou pire encore. Elle le défia presque du regard de parler, de se prononcer ou d'attaquer, ne bougeant toujours pas d'un cheveux, sa satisfaction quant à la cabine toujours pendue au bout de ses lèvres. Objectivement, sans doute n'avait-il gardé le silence qu'une infime poignée de secondes. Mais elle était réactive, instinctive, sensible au danger à un point extrême. Un sixième sens. Mais un sixième sens qui faisait du zèle, à faire pâlir les plus sentencieux des prétendus extras-lucides que cette terre avait accouchés.

Sa voix était un précipice, dans lequel elle sauta à pieds joints. Elle remercia tous les dieux de la soulager de la sorte, se rendant compte grâce à son soupir de soulagement qu'elle était, en fait, restée en apnée jusque là. Et ce flot bienvenu était intarissable. Elle retint les informations, les piocha, les classa dans son esprit avec la méthodologie de ceux qui étaient accoutumés à recevoir des instructions précises. Elle avait une bonne mémoire pour cela, serf efficace de grands aux exigences parfois loufoques, toujours pointues. C'était ainsi que l'on remplissait une cabane de récompenses bariolées, pour le plus grand bonheur des pillards. Jusqu'à ce qu'il parle d'une potentielle défaite, et que son regard la parcoure avec évidence, transmettant du coup un message des plus clairs à la mercenaire, tout allait bien. À partir de là, elle fronça les sourcils. Elle n'était pas gênée, pas le moins du monde, par son regard. Un regard ne dépeçait pas. Au pire, il déshabillait, et elle tenait moins à la soie de ses hardes qu'au satin de ses écailles. La menace finale de l'inquiéta pas non plus. Elle n'avait pas l'intention de désobéir. C'était tellement plus simple... Elle n'était pas d'une curiosité maladive, et s'embarquait pour la première fois de sa vie sur un navire de forbans. Passée la peur panique qui toujours aiguillonnait ses entrailles, naissait l'excitation du départ, et la découverte de cet univers qui attisait tant de mythes. Jusque là, celui que beaucoup devaient considérer comme un monstre assoiffé de sang s'était montré simple, et sérieux. Un sérieux qui n'avait rien à voir avec l'honneur, ou la loyauté. C'était le sérieux d'un homme. Des hommes très loyaux n'étaient que très peu sérieux, et nombre de ceux-là avaient perdu à son contact quelques regrettées pièces de leur anatomie.

Visiblement amusé par la rigueur de son règlement, s'attendant sans doute à la voir pâlir, se pâmer ou négocier, il lui demanda de confirmer, une dernière fois, sa volonté de faire cette traversée à son bord. Il n'avait pas parlé d'argent, notait-elle. Peut-être serait-elle une attraction pour eux, ce qui suffisait à leur bonheur ? Et pourquoi pas, après tout. Elle n'était pas de nature vénale, mais pas dépensière non plus, et elle n'était pas contre une petite économie. S'il souhaitait négocier son prix plus tard, qu'il le fasse, elle avait des ressources.

Elle le détailla, silencieuse, quelques secondes après qu'il ait terminé son petit discours de bienvenue, ostensiblement content de lui.

Le sac, rejeté plus loin, ne contentant rien de fragile, alla se loger contre l'un des murs de la cabine. Puis, non sans un sourire, curieuse de voir quelle serait la réaction du pirate, elle hasarda ses mains sur sa taille, faisant entendre le cliquetis de sa ceinture. Elle se contenta de la desserrer suffisamment pour tirer sur le bas de sa chemise et, sans s'encombrer d'hésitation, ni même prendre la peine de la déboutonner, l'ôta d'un geste fluide. Elle portait dessous un large, et épais bandeau de lin qui maintenait sa poitrine, en plus de la cacher, et lui laissait toute sa souplesse dans l'effort. Elle offrit sa peau mate à ses yeux, sans pudeur, ni minauderies. Finalement, de deux doigts experts, elle dénoua ses cheveux, les secoua, avant de les nouer plus haut sur sa nuque. Eux non plus ne devaient pas la déranger. Finalement, elle reboucla sa ceinture et s'approcha de lui d'un pas souple et silencieux. Guettant son étonnement, le corps du Capitaine lui barrant toujours la route, elle se contenta de grogner : « Eh bien. Votre équipage n'est-il pas en train de charger une cargaison à bord, tandis que nous parlons... ? » Puis, avec un sourire, elle le contourna et fit quelques pas dans le couloir, s'équilibrant parfois d'une main, encore mal habituée au mouvement, pourtant doux pour l'instant, du bateau.

Elle avait une bonne mémoire, et retrouva sa route sans mal. Elle ne le lui avait pas dit, mais elle avait accepté, sans réserve, chacune de ses lois. Elle aurait pu s'attendre à pire, après tout...

Dehors, elle trouva un équipage quelque peu médusé par sa motivation lorsque, quoi que n'étant pas d'une force comparable au plus malingre de ces hommes, elle leur offrit un peu de sa sueur, et écouta leurs conseils pour leur être d'une réelle utilité lors du chargement. Sitôt mise sur les rails, elle s'exécuta, inlassablement, concentrée. Elle ignorait si le Capitaine, qui en avait tout loisir, la surveillait ou non, mais elle décida de noyer ses craintes dans le travail. Il ne restait pas grand chose à embarquer, mais elle tenait à ce que son intégration au sein de l'équipage ne tarde pas. Elle ne voulait pas non plus qu'ils la pensent faible ou mijaurée. Qu'ils la prennent pour une princesse. À bord d'un vaisseau de la marine, ou du galion d'un commerçant, elle n'aurait pas agit de la sorte, et se serait contentée d'aligner quelques pièces d'or... Mais pas ici. Elle ne serait ni chaleureuse, ni tendre avec ces hommes à qui elle ne cèderait pas un pouce de sa confiance, sans doute, jusqu'à son débarquement. Chaque nuit, le verrou de sa cabine se fermerait à double tour, une dague sous l'oreiller, et son sabre au clair à portée de main. Mais elle savait aussi qu'un sourire protégeait parfois mieux qu'une armure, aussi, il ne lui coûtait rien d'essayer... Sans compter que le hamac n'étant pas encore fixé, elle ne pouvait pas dormir. Et se tuer à la tâche lui évitait de céder à la fatigue dont elle sentait qu'elle la guettait. Pas de tire au flanc, la sieste, plus tard...

Le dernier des tonneaux chargés, essoufflée par l'explosive combinaison de la lassitude due au sommeil et de l'effort, elle se redressa, essuya son front d'un revers de main et, les yeux plissés, chercha le Capitaine...

Allez, Adhel, à l'aventure. À tes risques et périls...
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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyJeu 12 Juil - 8:48

S’il s’était interposé entre elle et la sortie, ce n’était pas tant pour lui barrer le passage que pour bien la regarder dans les yeux. Il y avait des choses à dire qui nécessitaient d’être certain qu’elle en saisisse l’essence sans l’ombre d’un doute et le regard indiquait souvent ces choses-là, plus surement encore que les mots car ces derniers pouvaient toujours être habilement maniés quand il était beaucoup plus difficile de se faire violence pour maîtriser ses instincts et les yeux que l’on posait sur le monde et ses habitants. Il avait senti le moment où elle s’était tendue face à lui, craignant peut-être qu’il ne fasse quelque chose dans l’obscurité relative de cette cabine vide dans laquelle il n’y avait qu’elle. Pensait-elle qu’il lui ferait ou tenterait de lui faire du mal ? Pensait-elle peut-être qu’il allait refermer la porte sur elle, la laissant ainsi enfermée pour une raison non annoncée ? Même s’il avait la certitude qu’elle était une Salamandre et que, par conséquent, il y aurait eu possibilité de se faire beaucoup d’argent en la tuant puis en la dépeçant, il n’en aurait rien fait. L’argent n’avait jamais été une motivation pour Irwin et s’il n’était pas une Salamandre lui-même, bien que certaines rumeurs lui prêtent cette parenté qu’il avait depuis longtemps appris à nier car il subissait, comme tout homme, les affres du feu, il n’avait pas de grief contre quiconque hormis ceux qui se mettaient sur sa route qui se dirigeait tout droit vers l’homme qu’il pourchassait sans relâche depuis si longtemps. Elle n’était, pour l’instant, pas dans cette catégorie de personne et n’avait donc rien à craindre de lui. Enfin peut-être est-ce difficile de le concevoir lorsque l’on est en présence d’un pirate que l’on ne connaît pas. Ils se regardèrent longuement avant que le Capitaine ne se décide à dérouler les conditions de l’accès à bord de son navire. La jeune femme ne semblait n’attendre que ça, visiblement désireuse de savoir pourquoi il s’était mis entre elle, et la sortie.

Une fois qu’il eut énoncé ses conditions, il s’attendait à ce qu’elle réponde, qu’elle lance une bravade, voire même qu’elle discute certains points, qu’elle taille le bout de gras même s’il l’avait, d’une certaine manière, interdit. Rares étaient les personnes qui comprenaient les « besoins » disciplinaires de la mer et si beaucoup s’imaginaient que sur un navire pirate, on faisait ce qui plaisait, ils tombaient tous de haut lorsqu’on leur imposait une discipline aussi stricte voire plus que celle que la marine imposait à ses hommes. Tenir des hommes civilisés demande moins d’efforts que de contenir des hommes qui ne raffolent pas de l’ordre, mais, de ce côté-là, Irwin n’avait pas à se plaindre, ses matelots étaient surtout des camarades et si chacun respectait son rôle, ils savaient tous qu’il n’y avait pas que la relation marins-capitaine entre eux, ce qui, pour ce dernier, changeait à peu près tout. Son regard ne quittait plus le sien dans l’attente d’une approbation. S’il avait laissé courir ses yeux sur elle quelques instants plutôt, c’était plus pour lui faire comprendre le sens de ses mots que pour admirer de quelconques courbes. Non pas qu’elle ne l’attirait pas, toute femme aux formes généreuses, qui plus est rousse, attirait le regard d’Irwin, mais cela ne l’intéressait pas. Alors qu’il s’attendait à une réponse, il haussa un sourcil de surprise lorsqu’elle entreprit d’enlever son haut, se demandant à quel jeu elle pouvait bien jouer. Elle révéla un bandeau de lin qui camouflait habilement sa poitrine tout en lui laissant toute latitude en termes de mouvements et tandis qu’elle réajustait sa ceinture et rattachait ses cheveux, il comprenait qu’elle s’était simplement « habillée » pour la vie à bord. Un petit sourire glissa sur l’extrême coin de ses lèvres avant qu’elle ne s’approche et qu’il ne disparaisse immédiatement, et qu’elle lui grogna presque comme un vrai loup de mer une phrase qui, même si le sens fut clair, le laissa quelque peu sceptique. Il s’écarta pour la laisser passer alors qu’elle se faufilait à côté de lui et l’observa quitter l’entrepont avec une agilité relative. L’habitude viendrait. Lui aussi avait passé quelques heures à s’habituer aux mouvements du bateau. Et encore… Ils n’étaient pas encore partis.

Sans trainer davantage, il jeta un coup d’œil dans la cabine avant d’aviser le sac de sa passagère. Il le regarda quelques instants, silencieux, avant d’hausser les épaules et de refermer la porte, laissant la clef sur la porte, puis prit le chemin inverse, remontant vers le pont, vers le port et ses effluves dont il respira à plein poumons avant de passer sur la poupe du navire, à proximité de la barre, jetant un œil à ses matelots qui terminaient le chargement. Il fut surpris de voir sa passagère passer et repasser, portant des provisions afin de les charger dans la cale. Ses mots devinrent plus clairs et il se contenta de l’observer en silence, ainsi que le reste de ses hommes, alors que son quartier-maître s’approchait près de lui pour lui annoncer qu’on chargeait les derniers tonneaux et qu’ils seraient rapidement prêts à appareiller. « Après notre départ, faites installer un hamac, une table et un tabouret dans la cabine tribord de poupe. » Il n’avait pas eu un regard pour son compagnon, comme d’habitude, tout absorbé qu’il était à regarder le balais incessant des matelots, égayés parfois par une touche rougeoyante, à la peau mate et dorée. Son quartier-maitre, qui semblait la regarder lui aussi avait accepté d’un hochement de tête l’ordre intimé mais se risqua à lui demander si leur passagère était une Salamandre. « Pour être franc Sherrigan, je n’en ai aucune idée. Elle en a tout l’air, mais qu’elle soit Salamandre ou non, ça ne change rien. Vous vous occuperez de lui donner deux trois rudiments sur les tâches et la vie à bord. Présentez là à Kingsley et Denron, elle sera sans doute utile pour la voilure et ils sont suffisamment intelligents pour ne pas faire quelque chose de stupide avec elle. » Le Quartier-Maître acquiesça une nouvelle fois, avant, cette fois-ci, de quitter son capitaine pour aller faire exécuter les ordres. Irwin le suivit peu après, rentrant dans sa cabine pour aller consulter quelques cartes le temps que le chargement se termine, il avait d’estimer un premier cap et il n’avait pas encore eu le temps de travailler dessus depuis qu’il avait appris sa prochaine destination.

On frappa trois coups à sa porte avant qu’il ne sorte. Les matelots commençaient déjà à s’affairer sur le pont maintenant qu’ils n’étaient plus occupés par le chargement. Il repéra rapidement sa nouvelle « recrue » qui attendait dans un coin la suite. Elle semblait respecter ses prérogatives. Sherrigan n’avait surement pas eu le temps de commencer son instruction. « Faites nous prendre la mer Sherrigan. » Les paroles avaient été prononcées à voix normale, en direction de son second qui se trouvait à côté de lui après avoir frappé à sa porte. Ce dernier n’attendit pas avant de crier plusieurs ordres dont, notamment, celui de larguer les amarres et de donner de la voilure. La barre tourna et le Némésis quitta le port comme il l’avait gagné, dans une souplesse digne d’un animal marin. La mer s’offrait maintenant droit devant eux, à perte de vue. Le Capitaine gagna la poupe, se plaçant à la balustrade, devant la barre. Une fois qu’ils furent sortis de la baie du port Impérial et que la mer les cernait de toute part, l’ordre n’attendit pas. « Toutes voiles dehors Kingsley, profitons de cette petite brise ! Hemry, cap sud-est par est je vous prie. » Il s’était adressé au matelot en charge de la barre sans se retourner, ce dernier répétant le cap tout en tournant la barre dans la direction souhaitée. Le Némésis prenait la mer et, au fur et à mesure que les voiles se dépliaient dans des claquements, il prenait de la vitesse et offrait la mer à tous ses passagers…
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Adhel Askaruu

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MessageSujet: Re: Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~   Il paraît que ça flamboie, par ici... ~Terminé~ EmptyVen 13 Juil - 0:16

L’embarquement terminé, elle observa l’équipage se préparer à larguer les amarres, hésitant sur l’attitude à adopter. Elle ne devait pas traîner dans leurs pattes, lui avait-il dit. Chacun lui semblait avoir un poste précis, être rôdé à une routine, des gestes maintes fois effectués. Par sa seule présence, elle se faisait l’effet de les entraver. Il lui fallut ainsi trouver un endroit, où elle pourrait observer, apprendre, et une fois comprise la tâche entreprise, se montrer utile. Il était plus simple de se fondre à l’équipage pour ce qui était de transporter des caisses que pour appareiller un navire. Elle fut cependant remarquée par l’un des hommes d’équipage, qui d’une poussée l’approcha de l’un des mats, et lui glissa avec un rire : « Si la donzelle veut bien s’donner la peine… C'te voile, là, c'est la Brigantine. Ta nouvelle copine. » Avant de lui coller dans les mains une épaisse corde, dont le simple contact lui paru rude. Qu’importait, elle essuya ses mains sur l’étoffe de ses chausses, avant de relever un regard bravache au pirate, qui la regardait d’un air goguenard. « Et qu’est-ce que je fais de ça ? » Devant son expression, l’autre resta muet une seconde, avant de lancer, en marchant à reculons pour en saisir une voisine : « Ça, comme tu dis, c’t’une écoute. Tire dessus en rythme, quand on t'le dis. Après, tu la gardes en main, assez longtemps, puis j’viendrais t’débarrasser. » Elle hocha la tête d’un air décidé, bien campée sur ses jambes, et guettait le moindre signe annonciateur.

Après avoir déployé deux des voiles avant, d’envergure modeste, le navire commença a glisser, avec une souplesse qu’elle admira, entre les bâtiments, salué par les cris enthousiastes des goélands. Ce bateau était une danseuse, une véritable danseuse, sur l’écoute de laquelle elle crispait ses doigts, nerveuse. A la seule force de ses voiles avant, l’équipage parvint à manœuvrer, pour mettre le Némésis en position de départ, puis l’ordre fut clamé, ci et là, de déployer les voiles. Ajustant sa prise sur la corde qu’elle n’avait pas lâchée, elle jeta un regard en direction de l’homme qui lui avait mis l’écoute dans les mains, à temps pour le voir hocher la tête. C’était bon. Elle entendit un vague Un, Deux !, suivi d’un râle, et sentit la corde dans ses mains se relâcher, tandis qu’en différents endroits l’on tirait sur les écoutes. Elle avait loupé le coche, mais pas le second. Remontant ses mains à toute vitesse, elle tira après le second appel, sans réellement participer à l’effort, celui des autres tellement supérieur au sien, mais au moins sans se laisser distancer. Plusieurs coups, ainsi, furent des plus frustrants pour elle, avant qu’elle ne se décide, s’attirant l’hilarité de quelques pirates qui, leur travail provisoirement terminés, profitaient du spectacle, à jouer de son poids, seule force utile dans ce cas. Sans perdre de terrain sur les autres, elle se rapprocha du mat, sa corde plus à la verticale, et s’y pendit, tout bonnement, à temps pour que, conjugué à la force des marins, son corps serve de balancier au cordage. L’effet fut immédiat, et elle sentit une sensible amélioration dans le glissement des cordages. Jusqu’à ce que, finalement, elle reste pendue à sa corde, en léger balancier, sous le regard hilare de quelques pirates. Tous avaient déjà noué leur corde, avant que celui qui l’avait pourvue de sa corde n’arrive, prenant son temps, s’amusant visiblement de sa situation. Elle se laissa glisser, fermement agrippée à son écoute, jusqu’à sentir le pont sous ses pieds. Un pont qui tanguait sévère, et sur lequel elle manqua de glisser avant que l’autre, plus stable, ne s’empare de son cordage pour aller avec elle le nouer au mat. Elle nota qu’il fit le nœud assez lentement, quoi qu’il n’ait rien dit, et supposa que cela visait à lui montrer comment faire. « Et voilà, va pas t’casser un ongle, Princesse »

Elle ne releva pas, se contenta de hocher la tête d’un air concentré et de se retourner, en quête de travail… Lorsqu’elle découvrit la vue. De l’eau, à perte de vue, et déjà la terre qui réduisait à la poupe. Avec des gestes absents, elle essuya ses mains à ses cuisses, et fit deux pas pour s’approcher du bord. Les voiles à présent déployées, le vent les gonfla, avec un claquement sec qu’aussitôt elle aima. Un claquement qui fit écho dans son ventre, et fut répercuté par une embardée unique. Elle l’avait déjà sentie, comme passagère, mais ça n’avait rien de comparable. Se rapprochant de la rambarde, elle réalisa tout à coup la force de ce qui, à terre, n’avait été qu’une brise, et ne retint pas le regard qui éclaira son visage, tandis que l’eau, giclant sur la coque, lui griffait les pommettes. Elle était partie, trop tard pour faire marche arrière à présent. Elle ferait avec cette proximité qu’elle abhorrait, avec le danger de leurs activités, le manque de confiance qu’elle avait en cet équipage. Elle ferait avec tout, se défendrait s’il le fallait, mais débarquerait de l’autre côté. Pour la première fois de sa vie, elle eut l’impression que cet embarquement signifiait le début d’un jeu. La perspective du voyage seule, sans autre but que de prendre du repos une fois à terre, suffit à faire monter en elle une bouffée d’excitation.

On l’appela, alors, l’arrachant à son observation. Un homme parlait avec celui qui lui avait donné sa mission, et ce dernier venait de l’appeler auprès de lui. La journée commençait. Ajustant l’attache de ses longs cheveux, maintenus au hasard afin qu’ils ne s’accrochent nulle part, vacillant à présent que la danse du Némésis gagnait en passion, elle les rejoignit, s’apprêtant à recueillir leurs ordres.

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