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 Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]

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Adren Mortes

Adren Mortes


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MessageSujet: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyMer 23 Oct - 16:01

Dans la légère obscurité du magasin, on pouvait entendre quelques cliquetis métalliques, réguliers, méthodiques. Adren démontait un de ses fusils. Il avait placé deux tabourets au milieu de son échoppe, assis sur l'un des deux, utilisant l'autre pour déposer les pièces et outils. Il aimait bien travailler comme ça pendant les heures d'ouverture, ça lui donnait l'impression d'être plus disponible pour les clients, et puis le voir à l'œuvre au beau milieu de la pièce attirait souvent la curiosité des gens.

Il avait décidé de désassembler cette arme pour remplacer le canon par un cylindre plus court et plus large. Adren intégrait à son travail une optique d'ingénierie, il modifiait régulièrement ses armes, concevait de nouveaux modèles, les comparait : portée, visée, recul, impact, bruit. Les rendant ainsi de plus en plus performantes et variées. Ces initiatives étaient clairement ce qui le différenciait de son maître Ygrim, plus traditionnel et particulièrement porté sur les finitions du bois.

La porte s'entrouvrit alors qu'il dévissait un des anneaux qui maintenaient le canon solidaire du corps de bois du fusil. Adren reconnut les quelques pas mal assurés et la discrétion de la personne qui venait d'entrer.

- "Bonjour sœurette."

Fit-il dans un sourire, sans relever les yeux de son fusil.

- "T'es pas au travail ?"

- "Heu non, maman m'a laissé la journée."

On pouvait entendre les rafales de vent secouer le feuillage des arbres au dehors.
Sans se poser plus de question, il répondit.

- "Ah, d'accord."

Puis leva enfin la tête vers sa sœur. Elle avait mauvaise mine, contrariée ou réellement mal, il ne savait pas trop. Il haussa les sourcils et se mit à taper sur sa jambe avec son tournevis, comme pour rythmer ses paroles.

- "Hannah ! Assieds-toi ! Hannah ! Assieds-toi ! Hannah ! Assi..."

Elle fit une petite mimique, l'air de penser "il est pas possible...", et le coupa.

- "T'es marrant, je vais pas m'asseoir sur tes bouts de ferraille..."

- "C'est exact ! Sinon on va pas être copains !"

S'exclama-t-il. Il pointa le fond de la boutique par dessus son épaule.

- "Y'a un autre tabouret derrière le comptoir !"

Hannah s'en alla le chercher, le posa devant ceux de son frère et s'assit.

- "Alors, qu'est-ce qui t'amène, sœurette ?"

Reprit-il en s'acharnant sur un encastrement un peu grippé.

- "Rien. Tu trouves pas qu'il y a de plus en plus d'étrangers dans le village ces derniers temps ?"

Adren fit une moue sceptique.

- "Pas spécialement, qu'est-ce qui te fait dire ça ?"

- "Je sais pas, j'ai l'impression, le port est souvent bondé, et puis ce matin j'ai accompagné une jeune bijoutière de Saherdin jusque chez le gouverneur. De Saherdin, tu te rends compte ?"

Pour une fille qui n'était presque jamais sortie de son village de toute sa vie, ça paraissait vraiment fou. Mais le blondinet qui avait voyagé de l'autre côté de l'océan restait impassible, il avait tiqué sur une autre façon de voir la phrase. Il marmonna d'un ton sarcastique.

- "Les plus beaux bijoux du monde ne feront pas de vous des meilleurs personnes... Même s'il viennent de Saherdin."

La sœur approuva vivement, et surenchérit.

- "En parlant de cons, justement, Dan a profité que je sois à l'hôtel de ville pour me saouler au delà du raisonnable !"

Dan Barnell, le fils du gouverneur, qui tournait autour d'Hannah depuis un moment.
Adren éclata de rire.

- "Ah mais commence par là ! C'est pour ça que tu tires la gueule !"

- "Oui, il est insupportable, et en plus il va remplacer le percepteur Aton, apparemment, parce qu'il se fait vieux."

Adren passa une main blasée sur son visage.

- "Cet abruti ? Percepteur ?"

Il s'apprêtait à dire qu'il lui verserait plus volontiers une balle dans la tête qu'une seule pièce de cuivre d'impôt, mais la porte s'entrouvrit et il releva le nez. Hannah se retourna et se leva immédiatement de son tabouret en s'exclamant.

- "Oh, re-bonjour !"

Elle lança un regard à son frère et lui souffla.

- "C'est la bijoutière dont je viens de te parler !"


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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyJeu 24 Oct - 17:22

Lorsque Séléna débarqua à Hastington, de nombreux passants, matelos et mousses s'activaient déjà sur le port. Son client, un certain Monsieur Barnell, était vraisemblablement le gouverneur de cette ville. Il avait contacté son père il y avait de cela quelques semaines. Il souhaitait une parure sur mesure et réclamait qu'on lui envoie quelqu'un pour qu'il puisse s'assurer que l'on accordait assez d'importance à sa commande. Séléna avait été envoyé en urgence chez l'homme, et ce n'était pas du tout à son goût. A cause de se client capricieux elle avait du renoncé à voir Al, qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs mois.

C'est donc de particulièrement mauvaise humeur que la jeune femme arriva à Hastington. Elle ne savait absolument pas comment rejoindre la maison du gouverneur. Il avait indiqué que sa maison serait facile à trouver, car la plus imposante. Rien que ça... Elle allait devoir demander son chemin sans quoi il risquait d'arriver en retard chez Monsieur « j'ai la plus grosse » ...Séléna repéra parmi la foule une jeune femme qui lui rappelait étrangement sa sœur cadette, Samia. Elle avait l'air un peu maladroite ce qui tira un sourire à la Salamandre. Espérant qu'elle était du coin, elle s'approcha de la jeune femme. Rapidement elle fut à sa hauteur et puis lui demander de l'aide. Une fois les présentations faites, elles se mirent en route. Les deux jeunes femmes arrivèrent assez vite devant la dite maison. Séléna remercia chaleureusement Hannah, c'est ainsi que s’appelait sa guide. Elle avait était d'une compagnie très agréable ce qui avait remonté le moral de la Salamandre.
C'est d'une humeur un peu moins morose qu'elle pénétra dans la demeure de son client.

Séléna sortit furibonde de chez le gouverneur une paire d'heure plus tard. Son rendez-vous ne s'était absolument pas bien passé et elle avait du prendre énormément sur elle pour ne pas étrangler Barnell. Non seulement il s'était présenté comme une fleur après une bonne heure de retard mais en plus l'homme ne savait pas ce qu'il voulait. Il avait ensuite passé une heure à lui décrire ce qu'il souhaitait se contredisant en permanence, n'hésitant pas à la traiter d'incompétente lorsqu'elle lui avait donné une première esquisse du collier qu'il demandait. Elle allait donc devoir revenir le lendemain, avec le plus de croquis possible, en espérant que l'un d'eux satisferait cet abruti prétentieux. Ce gouverneur n'était décidément pas un cadeau pour les hommes de cette ville, et vu comment il l'avait détaillé du regard, elle pouvait affirmer qu'il devait être une plaie pour les femmes d'Hastington.

Prise par ses pensées, la jeune femme ne fit pas attention au chemin qu'elle prit et finit par atterrir sur une petite place. Elle s’apprêtait à demander son chemin à un vieillard qui sortait de chez lui lorsqu'elle crut entendre reconnaître la voix de la jeune femme qui l'avait aidé plus tôt dans la journée. Elle l'aperçut rapidement à travers la vitrine d'une armurerie. C'était étrange de la voir dans  une telle boutique. Intriguée elle décida d'aller la saluer.

Lorsqu'elle entra dans le magasin elle fut accueilli par Hannah et un jeune homme qui lui ressemblait un peu mais avec les cheveux et les yeux beaucoup plus clairs. C'est ainsi qu'elle fit la connaissance d'Adren, le frère de la jeune femme. C'était lui le gérant de l'armurerie.


«  Je suis enchantée de faire votre connaissance ! Hannah m'a été d'une aide précieuse pour aller chez votre gouverneur, qui au passage est un vrai crétin, je sais pas comment ça se fait que personne ne l'ai pas déjà noyé, enfin bref... Pourriez vous me conseiller un endroit où passer la nuit ? Si possible pas trop cher, je n'avais pas prévu de passer plus de deux jours ici, mais avec ce Barnell comme client je vais peut-être devoir y rester une bonne semaine... »  

C'est Hannah qui répondit en premier, un sourire aux lèvres :

« Vous pourriez venir chez nous ! Au moins pour manger !! Je serai ravie de pouvoir parler un peu avec une jeune femme de mon âge, j'en ai rarement l'occasion !! Je vous propose de rester avec mon frère pendant que je vais demander à ma mère si vous pouvez vous joindre à nous !! Je reviens le plus vite possible !! »

C'est ainsi que la salamandre se retrouva seule dans la boutique avec Adren.
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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptySam 26 Oct - 17:22

La bijoutière qui était venue pour saluer Hannah avait une apparence assez particulière. Adren avait imaginé une femme de Saherdin, perdue dans le désert là bas, à la peau tannée par le soleil et aux cheveux secs. Mais au contraire, elle était très claire de peau, et ses cheveux noirs de jais provoquaient un contraste peu commun.

Elle revenait manifestement d'une entrevue avec Barnell, et demanda conseil à Hannah concernant un endroit où passer la nuit. De toute évidence elle n'avait pas anticipé que son client allait la gonfler au delà du raisonnable. Et Hannah de son côté partit au quart de tour, invitant l'inconnue à passer la nuit et le repas dans la maison qu'elle occupait avec sa mère, avant de se ruer hors de la boutique pour aller avertir la mère en question.

La porte claqua derrière elle et laissa Adren seul avec l'étrangère. Il avait terminé de désosser son fusil et allait à présent monter le gros canon à la place du précédent. Les pièces nécessaires avaient été préparées le matin même, réunies dans une petite boite à ses pieds, qu'il saisit délicatement et posa sur son tabouret.

N'ayant décroché autre chose qu'un "bonjour" jusqu'ici, notre armurier entreprit de détendre l'atmosphère.

- "Sacrée Hannah, on se demande comment le monde tournerait sans elle."

Et, levant les yeux vers la jeune femme, il reprit.

- "Oh, vous pouvez jeter un œil à la boutique si vous voulez hein ! Elle est faite pour ça ! J'imagine que le travail d'un armurier doit paraître assez barbare pour une joaillère, mais bon... Ça n'empêche !"

Il marqua une pause pour assembler la crosse, la culasse et le chien, ça demandait un peu de concentration si on ne voulait pas tout faire tomber.

- "Et puis avec elle, on ne sait jamais quand elle reviendra ! Donc autant tuer le temps convenablement !"

En essayant de passer une vis dans l'axe du chien, il fit tomber la culasse et esquissa une grimace désabusée.

- "En fait, je me demande pourquoi on n'a pas trois bras, ce serait quand même carrément plus simple. On se demanderait probablement pourquoi on n'en a pas quatre ceci-dit..."

Récupérant ses pièces et les réassemblant avec succès, il se rendit compte qu'il parlait un peu tout seul et demanda.

- "Au fait, sur le moment ça m'a paru aller de soi, mais il a fait quoi exactement le Barnell pour vous mettre dans cet état ?"

On sentait au ton railleur du jeune homme qu'il avait hissé la discipline qui consistait à dire du mal du gouverneur au rang de sport de compétition. Il ajouta, le visage plus sombre.

- "Et pourquoi personne ne l'a jamais noyé ? Je me suis toujours posé la question aussi."

Il finit sa phrase avec un sourire plaisantin.

- "Mais c'est en projet !"


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Séléna Céis

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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyLun 28 Oct - 15:27

Séléna se laissa rapidement absorber par la contemplation de l’armurier en plein travail. Elle ne faisait que vaguement attention à ce qu’Adren lui disait, totalement en admiration devant son travail minutieux. Il avait beau dire, le domaine de l’armurerie était tout aussi délicat que la joaillerie, à sa manière bien sûr

La question d’Adren prit légèrement Séléna au dépourvu, elle ne s’attendait à ce que son entrevue avec Barnell puisse l’intéresser. Néanmoins les derniers propos du jeune homme lui laissèrent penser qu’il ne portait pas vraiment le gouverneur dans son cœur. Il lui semblait même avoir vu passer une ombre sur visage lorsqu’il avait évoqué la mort de ce dernier. Il était donc normal qu’Adren soit curieux de connaitre les dernières incivilités de ce charmant personnage.


« Qu’est-ce qu’il a fait ? Vous êtes sur que vous voulez que je vous fasse la liste ? On en a pour des heures… Vous êtes vraiment tombé sur le gros lot avec lui !! Pour commencer, Monsieur a exigé que je me déplace en urgence ici, j’ai dû annuler un… rendez-vous important à cause de lui. »

Séléna eut un mouvement d’humeur en repensant au fait qu’elle ne pourrait pas voir Alban avant plusieurs mois à cause ce client plus que désagréable. Elle chassa d’un geste ses pensées désagréables et poursuivi :

« Enfin si encore votre gouverneur avait été un ange, j’aurai pu lui pardonner, mais cet abruti, je pense que le mot n’est pas abusif, m’a fait attendre une bonne heure. J’ai poireauté debout seule dans un vestibule tout ce temps, avant que monsieur daigne me rejoindre. Sur le moment j’étais contente de le voir arriver… j’ai vite déchanté… »

La Salamandre tira vers elle le tabouret sur lequel Hannah était assise quelques instants plus tôt. Elle avait besoin de s’asseoir, c’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour se calmer. Elle passa nerveusement sa main dans ses cheveux et replaça une mèche rebelle derrière son oreille avant de continuer :

« Il n’a pas arrêté de me regarder comme si j’étais de la chair fraiche, et a constamment critiqué mon travail. J’avais déjà rencontré des clients désagréables, mais à ce point… il n’a pas cessé de me dire que j’étais une incompétente, que je ne comprenais pas ce qu’il voulait, alors que c’était lui qui partait dans tous les sens. J’ai gâché trois feuilles de mon carnet pour cet imbécile !! Et comme Monsieur en avait assez d’avoir, je cite, « une pareille incapable dans les pattes », il m’a demandé de travailler sérieusement cette nuit et de revenir demain, avec cette fois des idées digne de lui… Je vous jure… Si ce contrat n’était pas aussi important pour les finances de ma famille je lui aurais claqué la porte au nez et je serai rentrée chez moi !! »

La jeune femme secoua la tête comme pour évacuer les souvenirs de cette charmante rencontre. Elle poussa un soupir avant de demander :

« Mais vous ne semblez pas porter non plus le gouverneur dans votre cœur. Y a-t ’il une raison particulière ? »
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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyJeu 31 Oct - 18:20

La jeune femme était manifestement outrée par le comportement du gouverneur. À peine l'armurier l'avait-il questionnée sur son entrevue, qu'elle était partie au quart de tour et dressait une liste de tout ce pourquoi elle l'aurait volontiers giflé, hors d'elle. Visiblement elle n'avait humeur à autre chose, elle s'était simplement assise sur le tabouret qu'avait laissé Hannah, et se réjouissait de pouvoir converser sans risque avec quelqu'un, pour se défouler.

À vrai dire, plus que les nombreuses descriptions de l'attitude détestable de Barnell, c'est le fait qu'un contrat avec lui soit significatif pour la famille de cette femme, qui choquait Adren. Le fait qu'elle ne puisse l'envoyer bouler induisait que des sommes d'argent non négligeables étaient en jeu.

Il avait l'impression de payer des impôts à cet homme, pour qu'il assure sa protection en mettant à mort ses amis et parents, pour qu'il assure le rayonnement de leur petit village en s'achetant des bijoux et pour qu'il veille au bien de ses sujets en les forçant à fermer les yeux.

L'armurier admettait que l'ordre et la sécurité valaient largement un prélèvement sur le salaire de chacun. Il admettait que les personnes chargées de faire régner cet ordre méritaient de vivre convenablement. Mais il n'arrivait pas à comprendre pourquoi celui qui avait le pouvoir devait avoir autant, il ne pouvait comprendre pourquoi les gardes, dont la solde était si basse, continuaient de craindre un gouverneur qui revêtait des rubis achetés avec leur pain et la renommée des artisans du village, plutôt que de lui casser les genoux.

En vérité il comprenait, partiellement, que ces hommes, leurs familles, dépendaient du gouverneur, ou devaient répondre de ses décisions. Le contrer revenait à condamner sa propre famille, connaissant les états d'âme de Barnell. Et on préférait accepter l'injustice, la prospérité d'un homme laid, que prendre le risque de voir les siens errer sur les rues.

Mais fatalement, il arriverait qu'un homme n'en puisse plus. Un homme estimerait qu'il a plus à perdre moralement en restant les bras croisés, que matériellement en plantant une hache de guerre sur le bureau du gouverneur. Et après tout il n'était qu'un homme, aucun homme n'était éternel ni intouchable.

Notre armurier se rendit compte qu'il s'était perdu dans ses pensées quand il vit qu'il en était à serrer machinalement le deuxième anneau du canon. Il eut un petit mouvement de recul, secoua légèrement la tête et inspecta le travail qu'il avait effectué inconsciemment. Comme il ne vit aucun défaut majeur, il reprit tranquillement, le fusil allait bientôt être fonctionnel. Ou du moins serait bientôt censé l'être.

La dernière question de la jeune bijoutière se répéta dans sa tête et il s'empressa d'y répondre.

- "Non, en effet, on peut dire ça. C'est à cause d'une vieille histoire... Il n'est pas le seul responsable mais... Peu importe."

Il marqua un silence et reprit.

- "C'est pas très drôle comme histoire alors... Je ne vais peut-être pas vous ennuyer avec."

Il se racla la gorge rapidement.

- "Dans l'immédiat c'est le fait qu'il utilise nos impôts pour s'acheter des bijoux qui me rebute... Il y a tellement de choses utiles qui pourraient être faites et dont tout le village profiterait..."

Se rendant soudain compte que ses propos pouvaient être mal compris, il se corrigea, l'air un peu gêné et un sourire aux lèvres.

- "Non pas que votre travail soit inutile hein ! Et d'ailleurs heureusement que c'est vous plutôt que moi qu'il vient voir... Je préfère encore qu'il achète des choses chères et inoffensives plutôt que des choses chères, doublées de dangereuses !"


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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyDim 24 Nov - 17:36


Séléna n’eut pas vraiment de réponse précise à sa question mais il était flagrant qu’Adren détestait le gouverneur et ce depuis un certain temps. Que pouvait bien avoir fait cet homme ? Surement quelque chose de grave pour provoquer cette haine froide qui semblait habiter l’armurier. Finalement la jeune femme ne préférait pas savoir. Un être qui paraissait aussi abject ne pouvait être que dangereux.


Séléna tiqua légèrement lorsqu’Adren évoqua l’inutilité de la joaillerie. Ce n’était pas la première fois que l’on soulignait en sa présence que le métier qu’elle faisait n’était pas d’un grand intérêt pour la société. Elle n’appréciait pas que l’on dénigre ce qu’elle considérait comme art destiné à rehausser la beauté de chacun. Elle aurait beaucoup aimé que tout le monde puisse se permettre de s’offrir les services d’un joailler mais malheureusement ce n’était pas le cas. Elle n’y pouvait rien et ce n’était pas une raison pour dévaloriser son travail. Venant d’un armurier en plus, la remarque prêtait à rire. Les armes n’étaient pas vraiment très utiles, sauf pour s’entretuer éventuellement… Au moins ses bijoux n’étaient pas dangereux. Le jeune homme du sentir le malaise de la Salamandre car de lui-même il tenta de se rattraper et de se justifier. Dans l’absolu, il n’avait pas tort. Elle aussi préférait que ce Barnell ait en sa possession un collier. Du peu qu’elle avait vu, il n’aurait pas été raisonnable de lui vendre des armes à feu…

« Je comprends votre point de vue… Mais à l’avenir évitez de dénigrer la joaillerie surtout quand je suis de mauvaise humeur ! répondit-elle avec un sourire
Quoique de toute façon je ne pense pas revenir dans cette ville de sitôt. Dès que mon affaire est réglée je m’en vais !! »


Alors qu’elle venait à peine d’évoquer son futur départ, un homme entra dans la boutique. Séléna le reconnu immédiatement. Elle l’avait vu chez le gouverneur. C’est lui qui l’avait fait entrer dans la demeure du « grand chef » et lui avait demandé de patienter. Que pouvait-il bien faire ici ? Pourquoi un employé de Barnell venait-il, comme par hasard, dans ce magasin précis ? La réponse ne tarda pas à arriver.

« Bonjour, M Mortes je ne vous dérangerai pas longtemps dans votre travail, je viens porter un message à Mlle Céis de la part de notre bon gouverneur»

En entendant cela, la salamandre leva les yeux au ciel. Un message ? Voyez-vous ça ? Qu’avait-il d’aussi urgent à lui demander qui ne pouvait attendre le lendemain ?

« Il vous demande m’accompagner chez lui pour que vous puissiez noter rapidement les nouvelles idées qu’il a eu depuis votre départ, il souhaiterait également vous convier à dîner en remerciement de l’attention que vous porterez à sa commande »

Séléna soupira. Maintenant qu’elle avait quitté sa demeure, Monsieur Barnell avait eu une poussée d’inspiration… Cet homme croyait vraiment qu’elle était à sa disposition, ça n’allait pas se passer ainsi !

« Je suis désolée mais je ne vais pas pouvoir vous suivre. Dites à Monsieur le gouverneur que je suis déjà invitée à dîner ici et que je suis donc contrainte de refuser son invitation. Quant à ses nouvelles idées, il n’a qu’à les noter et me les faire porter…. J’ai eu une journée éprouvante, le voyage m’a fatiguée. Je pense que votre bon gouverneur comprendra que pour être la plus créative possible j’ai besoin d’être au mieux de ma forme et les allers-retours m’épuisent. Si ça ne lui convient pas je peux très bien repartir d'Hastington  mais dans ce cas il devra  payer des dédommagements. Je ne me déplace jamais pour rien. Et si jamais il ne payait pas, sachez que je suis très proche de certains membres de la famille des Marath. Cela ne serait pas très bon pour ce cher Barnell que les Marath apprennent ce genre de chose. »

Séléna espérait qu’après ça le gouverneur la laisserait tranquille et se montrerait moins désagréable. Evidemment elle ne connaissait pas si bien la famille royale, mais un petit mensonge peut parfois aider. Elle doutait fort que Barnell irait vérifier si oui ou non elle était aussi proche qu’elle le disait des Maraths.






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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyMar 31 Déc - 1:37

Adren esquissa un sourire amusé à l'écoute de la réponse un peu virulente de la jeune femme à sa remarque. Elle semblait vraiment sur les nerfs après la journée qu'elle venait de passer, et il n'en faudrait manifestement pas beaucoup pour qu'elle explose.

Il souriait bêtement car lui se sentait très bien en cette fin de journée grise et venteuse. Il respirait profondément et le fait de travailler l'apaisait beaucoup. Il se fit la réflexion qu'il avait beaucoup de chance d'exercer un métier qui ne nécessitait que très peu de voyages commerciaux. Devoir aller vendre son travail à l'autre bout du pays, ou au delà même des frontières, comme le faisait cette femme, l'aurait rendu assez malheureux. Ce qu'il aimait c'était travailler tranquillement et accueillir les gens dans son magasin.

Le jeune armurier voulut répondre pour rassurer la bijoutière qui semblait avoir assez mal pris sa remarque, sur un malentendu, mais à ce moment Vikk, un des domestiques de Barnell, fit irruption dans la boutique en poussant la porte dans un grincement.

Il en avait après la jeune femme, transmettant les paroles du gouverneur, qui voulait l'inviter à diner et discuter d'autres détails de son travail. Cette dernière l'expédia en deux temps trois mouvements dans un petit monologue qui cachait assez mal son énervement.

Adren ne put s'empêcher de sourire, et voyant l'air penaud du domestique, il haussa les épaules et pencha légèrement la tête l'air de dire "Désolé Vikk, mais là je crois bien que tu vas devoir laisser tomber...". Vikk fit un petit signe de tête et répondit.

- "Bien mademoiselle, je vais en informer le gouverneur."

Avant de se retirer respectueusement.

Quand il fut sorti, Adren eut un petit rire.

- "On peut dire qu'il ne vaut mieux pas vous souffler dans les narines !"

Et au même moment il termina d'inspecter son arme, dont l'assemblage était maintenant achevé. Le nouveau canon, plus large donnait au fusil une allure plus trapue et primitive. À présent il avait envie de le tester, de mettre à l'épreuve ses caractéristiques avec différents types de balles. Il se leva donc de son tabouret et commença à se diriger vers son établi au fond de la boutique. Tout en marchant il put enfin formuler la réponse qu'il avait voulu dire au moment où le domestique est entré.

- "Pour en revenir à nos oignons, je ne dénigre absolument pas votre travail. La bijouterie est un art très raffiné que j'admire beaucoup. Je voulais simplement dire que j'aurais préféré que notre gouverneur s'occupe un peu de son village, qui ne se porte plus si bien."

En saisissant plusieurs cartouches de papier dans diverses boites de bois sur une étagère derrière son établi, il ajouta.

- "Mais ne soyons pas égoïstes ! Ça a au moins le mérite de vous profiter. Au fond ce n'est pas si mal."

Il sourit vers la jeune femme en plissant légèrement les yeux.

- "J'aimerais aller faire quelques essais de tir avec ce fusil dans l'arrière cour. Vous voulez venir voir ? Sinon ça peut parfaitement attendre !"


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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptyMar 11 Fév - 11:00

Le jeune armurier avait raison, elle s’était légèrement emportée et ce pauvre domestique avait payé les pots cassés d’une journée épuisante tant physiquement que moralement. Séléna se promit de s’excuser dès qu’elle le pourrait auprès de cet homme qui n’avait fait que son travail. Elle avait été également un peu trop virulente avec son hôte, en l’agressant presque pour une simple question de désaccord quant à la valeur de son métier. D’ailleurs, Adren Mortes semblait vouloir revenir sur le sujet afin de dissiper tout malentendu ou interprétation erronée de ses paroles :

« Pour en revenir à nos oignons, je ne dénigre absolument pas votre travail. La bijouterie est un art très raffiné que j'admire beaucoup. Je voulais simplement dire que j'aurais préféré que notre gouverneur s'occupe un peu de son village, qui ne se porte plus si bien, puis il ajouta, Mais ne soyons pas égoïstes ! Ça a au moins le mérite de vous profiter. Au fond ce n'est pas si mal. »

Il acheva son discours en souriant à la jeune femme.

*Très beau sourire ! On dirait un peu Al…*

Séléna ne savait pas quoi répondre, elle voulut prendre la parole pour s’excuser de son agressivité mais son interlocuteur la devança et lui proposa d’aller essayer l’arme dont il s’occupait depuis le début de leur conversation. Si la jeune femme n’était pas une grande adoratrice des armes à feu, elle trouva néanmoins l’idée intéressante. Elle n’avait jamais assisté à une séance de tir, peut-être que ça lui changerait les idées de voir pareil spectacle. Elle se doutait que cela ne serait pas extraordinaire, mais voir le résultat d’un long et minutieux travail est toujours intéressant. Elle-même aimait beaucoup voir ce que ses client(e)s faisaient des bijoux qu’elle leur avait vendus. A quelle occasion les portaient-ils ? Avec quelle tenue ? Est-ce qu’elle avait réussi à bien mettre en valeur le cou ou le poignet de telle ou telle riche aristocrate ? Séléna était toujours curieuse de savoir ce que devenait les créations de la joaillerie de ses parents. Evidemment, dans le cas présent, il s’agissait simplement de vérifier le bon fonctionnement de l’arme, mais elle imaginait aisément qu’Adren devait être pressé de voir si le travail accompli sur ce fusil allait être à la hauteur de ses espérances. Ou peut-être qu’il s’en fichait. Qu’il faisait ça machinalement. Séléna ne pouvait pas savoir, après tout elle ne lisait pas dans les pensées du jeune homme.

« Ce serait avec plaisir ! Je n’ai jamais vu ça alors voyons ce que ça donne ! »

Elle sourit à l’armurier tout en remettant une de ses mèches de cheveux en place. Alors qu’il se levait pour aller, sans doute, dans l’arrière-cour, la jeune femme enchaîna :

« D’ailleurs, je voudrais m’excuser de m’être emportée avec vous, j’ai été un peu… agressive… Il faudra que je présente mes excuses à ce domestique aussi, j’ai vraiment été désagréable… »

Alors qu’ils sortaient de la boutique par une porte à l’arrière de la boutique, elle interrogea le jeune homme :

« Alors, en quoi consiste ces essais ? Pourquoi devez-vous tester ce fusil ? J’imagine que vous devez vérifier s’il fonctionne mais est-ce que c’est la seule chose que vous regardez quand vous procédez à ces tests ? »

Séléna sentait peu à peu sa mauvaise humeur et sa fatigue s’estomper. Finalement Adren avait réussi à attirer son attention sur autre chose que ses ennuis avec Barnell et la curiosité de la salamandre avait fait le reste.
Alors que le jeune homme répondait à ses questions, Séléna vit Hannah qui passait la petite porte de l’arrière-boutique pour les rejoindre. Elle remarqua très vite le visage préoccupé de la jeune fille.




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Adren Mortes

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MessageSujet: Re: Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis]   Un travail qui serve le bien commun [PV : Séléna Céis] EmptySam 15 Mar - 23:37

La jeune femme avait l'air de vouloir assister aux essais, Adren poussa donc jusque dans l'arrière cour. Une bourrasque vigoureuse vint le frapper au visage lorsqu'il ouvrit la porte, quelques feuilles mortes voletèrent jusque dans la boutique. On en était arrivé à cette période de l'année où la nuit tombait sans prévenir, plus tôt, plus vite. On pouvait distinguer les premières étoiles qui scintillaient dans le ciel entre le passage de deux nuages et entendre au loin le bruit du vent dans les mâts des bateaux du port.

La bijoutière lui fit quelques excuses, estimant qu'elle avait été désagréable, mais Adren lui signifia que ce n'était rien, en esquissant  un geste nonchalant de la main. Elle s'enquit ensuite de ce qu'il allait faire exactement dans ses essais. Il commença à lui répondre tranquillement quand Hannah fit de nouveau irruption dans la boutique.

Elle poussa la même petite porte par laquelle les deux artisans venaient de sortir, emmitouflée dans un châle de laine pour ne pas attraper froid. On sentait que cette ambiance de fin de journée sombre lui pesait, elle avait les traits tirés, le visage fatigué, l'air un peu abattue. Le temps semblait couler plus lentement depuis qu'elle était là. Elle articula d'un ton neutre.

"Maman prépare le diner, ainsi qu'une chambre pour vous Séléna."

Elle frissonna dans la brise fraiche et Adren lui sourit.

"T'as des petits yeux Hannah, ça va ?"

Elle regarda ses pieds et fit une grimace presque imperceptible avant de s'expliquer, dans un mélange de tristesse et de gène.

"Oncle Randall devait diner avec nous ce soir, mais maman ne le trouve pas. La vieille Aïda dit qu'il a encore été arrêté..."

Adren soupira.

Randall Mortes, le frère du défunt père d'Hannah et Adren, avait toujours été un homme assez tumultueux. Même avant la pendaison de son frère, il lui arrivait de boire à n'en plus retrouver le chemin de sa maison, ou de provoquer des bagarres de taverne. Mais depuis la mort de Gareth, il était démoli, devenu réellement invivable pour sa famille, et même pour ses trois jeunes enfants, qui étaient pourtant son unique réel bonheur. Sa femme était partie, une nuit, sans prévenir et avec les trois enfants, alors que lui se saoulait pour la énième fois. Ce ne fut que le lendemain, en retrouvant sa maison vide et avec un violent mal de crâne, qu'il toucha le fond. Depuis il n'était plus vraiment lui-même, plein de remords, de regrets, arraché aux siens par ses propres agissements. Loin de s'être repenti, il s'était plongé encore plus profondément dans l'alcoolisme. Ivre il arrivait à se convaincre que c'était leur faute s'il était si malheureux.

Il n'était pas rare qu'il soit saoul en pleine journée sur la place publique et qu'il se fasse jeter aux cachots par les gardes. Et vraisemblablement c'était arrivé aujourd'hui.

Adren lâcha quelques mots crus un peu précipitamment, bafouillant légèrement.

"Quand on le retrouvera disloqué sur les pavés de la grand rue, ou pendu chez lui, tu penses que ce sera la vieille Aïda ou sa famille qui le saura en premier ?"

Hannah le regarda d'un air horrifié. Il serra le poing, secoua la tête, cligna des yeux et reprit.

"Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris. J'irai payer sa caution et le ramènerai chez lui après le diner."

L'expression de dégoût était restée gravée sur le visage d'Hannah. On sentait qu'elle se retenait de confronter son frère devant leur invitée. Elle prit sur elle et passa son bras sous celui de la bijoutière.

"Venez Séléna, rentrons au chaud à la maison. On se retrouve pour le diner Adren."

Il acquiesça de la tête et entendit sa sœur demander, alors qu'elle s'éloignait.

"Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous faisiez pour voyager si loin toute seule ! Vous n'avez pas peur ?"

Il resta quelques instants figé debout, puis soudainement jeta violement le fusil qu'il était sorti pour tester contre la barrière de l'arrière cour. Il releva la tête, respira l'air froid de cette soirée d'automne et prit quelques instants pour regarder les étoiles. Avant de s'effondrer sur lui même et de se prendre la tête dans les mains.

Il versait des larmes pour cet homme qui ne pourrait jamais revenir. Il s'était probablement blessé lui même plus fort qu'il avait blessé sa sœur avec ses mots cinglants. Car il savait qu'ils étaient vrais, il savait que Randall ne finirait pas bien, et il savait que ce ne serait pourtant pas si mal, parce que cet homme n'avait plus rien à vivre d'autre que sa propre souffrance.

Sans trop s'en rendre compte, ses pensées le menèrent de villageois en villageois. Le vieil Orthen qui priait tous les soirs pour de meilleurs lendemains, sur les pontons du port. La veuve Fanden qui s'était donné la mort. Hannah et son regard éteint. Les tremblements dans la voix de Vikk lorsqu'il devait répéter ce qu'ordonnait le gouverneur. Les Palleth qui payaient leurs impôts avec difficulté depuis que leur moulin avait perdu une pale. Leurs enfants maigres. Jens et Haryn qui perdaient toute leur maigre solde aux jeux.

Adren frappa le sol de son poing. Il frappa, frappa. Puis se releva, essuya ses larmes d'un revers de sa manche, ses yeux bleus plantés droit devant lui, grands ouverts. Il alla ramasser son fusil et ferma sa boutique.

Il traversa la petite rue pavée, couverte de feuilles mortes jusqu'à la maison de sa mère et de sa sœur. Il posa sa main sur la porte, hésita un instant puis la poussa.
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